Le Vénitien Marco Polo avait dix-sept ans en 1271, lorsqu'il accompagna son père et son oncle dans un nouveau voyage vers la Chine. Il en revint vingt-quatre ans plus tard, au terme d'un long voyage de retour par mer et par terre, et dicta ses souvenirs à son compagnon d'infortune, emprisonné comme lui par les Génois. L'œuvre se caractérise par un souci constant des itinéraires et des produits du commerce entre Orient et Occident. C'est dans la dernière partie du Devisement du monde, partie intitulée "Le livre de l'Inde", que Marco Polo décrit plus précisément l'océan Indien, à partir de son expérience personnelle et de légendes. La description d'Ormuz et du golfe Persique intervient logiquement au début et à la fin de l'ouvrage, car ce port, situé dans le détroit du même nom, est un endroit stratégique. Comme Aden pour la mer Rouge, il est un passage obligé pour les voyageurs et les marchandises prenant la route du golfe Persique entre le Proche-Orient et l'océan Indien. Cette miniature est extraite d'un manuscrit luxueux rassemblant plusieurs récits de voyages médiévaux vers l'Orient : Marco Polo, Odoric de Pordenone, Guillaume de Boldensele, Jean de Mandeville, Hayton et Riccold de Montecroce. Ces textes furent pour la plupart traduits du latin en français par Jean le Long et illustrés par plusieurs enlumineurs talentueux ; le manuscrit a appartenu d'abord à Jean, duc de Bourgogne (1371 à 1419), puis à Jean de Berry et aux rois de France. L'auteur de la miniature ne prétend pas nous renseigner sur la topographie, représentée selon les conventions de la peinture européenne du début du XV^e siècle ; mais il attire l'attention sur certains détails exotiques, animaux sauvages et costumes orientaux.