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Le loup
Le loup tient une place particulière dans l'imaginaire de
l'époque et bien qu'il se veuille objectif, Phébus ne peut s'empêcher de se laisser
aller à véhiculer rumeurs et superstitions. Tout déplait dans le loup jusqu'à sa
fourrure qui ne cesse jamais de puer.
"Quand une louve est chaude et qu'il y a des loups dans le pays, ils vont tous
après elle, comme font les chiens après une lice, quand elle est chaude, mais jamais nul
ne l'alignera sauf un. Elle agit de telle manière qu'elle promènera les loups six ou
huit jours sans manger, sans boire et sans dormir, car ils ont tant de désir d'elle que
peu leur importe de manger ou de dormir. Et quand ils sont bien las, elle les laisse bien
reposer jusqu'à ce qu'ils soient endormis, puis elle gratte du pied et éveille celui qui
lui semblera l'aimer le mieux et avoir plus souffert pour elle ; et elle s'écarte au loin
et se fait aligner par lui ; c'est pourquoi l'on dit que, quand une femme se conduit mal,
elle ressemble à une louve, parce qu'elle se prend au plus laid et au plus méchant. Et
c'est vérité que la louve se prend au plus laid et au plus méchant ; car parce qu'il a
fatigué et jeûné plus que les autres, il est plus pauvre, plus maigre et plus
misérable, et c'est la raison pourquoi on le dit."
Certains disent que jamais loup ne vit son père et c'est parfois vrai, mais pas
toujours, car il arrive que, quand la louve a emmené celui qu'elle préfère et que les
autres s'éveillent, ils se mettent sur les traces de la louve, et s'ils trouvent que le
loup et la louve se tiennent ensemble, tous les autres courent sus au loup et le tuent ;
c'est pourquoi l'on dit que loup ne vit jamais son père, et c'est vérité en ce cas ;
mais quand il n'y a dans le pays qu'un loup et une louve, alors ce ne peut être vérité
Il vit de toutes chairs, de toutes vermines et de toutes charognes, et sa vie n'est pas
longue ; car il ne vit pas plus de treize ou quatorze ans ; il a mauvaise morsure et
venimeuse, à cause des crapauds et autres vermines qu'il mange.
Il va si vite, pourvu qu'il soit vide, que je l'ai
vu semer quatre laisses de lévriers accouplés, l'une après l'autre, qui ne pouvaient
s'en rapprocher, car il va aussi vite que nulle bête au monde et peut aller ainsi
longtemps. Il va communément quérir sa vie la nuit, parfois le jour, quand il a grand
faim, et il y en a qui chassent les cerfs, sangliers et chevreuils et sentent autant que
des mâtins ; et ils prennent des chiens tant qu'ils peuvent
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