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Le "portrait carte-de-visite" a joué la même fonction que nos actuelles cartes de visite : permettre à chacun de se présenter et, s'agissant d'une image, de se mettre en scène. Mais c'est le monde en cartes de visite que propose Bonneville, quand il présente, sur un même format, breveté en 1854 par le photographe Eugène Disdéri, des séries de portraits d'indigènes du Sénégal dont est extrait ce portrait-carte. Le projet implique à la fois la quantité et la diversité, mais aussi l'idée d'un échantillonnage afin de disposer d'aspects multiples. La mise en scène de l'individu participe à une mise en scène sociale. En somme, le monde est divisé en facettes que le photographe dispose au gré de l'exploration géopolitique d'un territoire et de l'intérêt anthropologique de l'époque comme le laisse entendre le texte noté au dos de la carte. Tant la tâche est vaste, n'y aurait-il pas à définir des priorités, à choisir des individus (pris au sens de spécimens), des postures et des objectifs ? Ce type de carte-de-visite présente-t-il celui qui s'y trouve en image, le regard du photographe ou, par l'effet de cumul, (re)présente-t-il un certain état du monde ? |