Jean-Paul Sartre (1905-1980) | ||||
L'existentialisme est un humanisme | ||||
1946. Genève, Nagel, coll. "Pensées", (7e édition) | ||||
BNF, Philosophie, Histoire, Sciences de l'homme, 16-R-984 (1) | ||||
Ce texte polémique, qui a vulgarisé les thèmes de l'existentialisme sartrien, a entraîné tant de malentendus que Sartre a fini par le désavouer plus ou moins. Au point de départ, c'est le texte d'une conférence, d'un immense retentissement, donnée le 29 octobre 1945 à Paris. Le but en est de défendre l'existentialisme contre les critiques d'une part des communistes, pour qui il constitue une philosophie subjectiviste et "bourgeoise", d'autre part des chrétiens, qui, outre son athéisme, reprochent à Sartre sa vision pessimiste de l'existence (toute l'œuvre de Sartre sera mise à l'index par le Vatican en 1949). Contre ses adversaires, Sartre soutient que l'existentialisme est un humanisme "puisque le destin de l'homme est en lui-même". Les valeurs ne sont pas données, elles sont créées : "Humanisme, parce que nous rappelons à l'homme qu'il n'y a d'autre législateur que lui-même, et que c'est dans le délaissement qu'il décidera de lui-même ; et parce que nous montrons que ça n'est pas en se retournant vers lui, mais toujours en cherchant hors de lui un but qui est telle libération, telle réalisation particulière, que l'homme se réalisera précisément comme humain" (p. 94). "Ce fut donc une "offensive existentialiste" que, sans l'avoir concertée, nous déclenchâmes en ce début d'automne. Dans les semaines qui suivirent la publication de mon roman, les deux premiers volumes des Chemins de la liberté parurent, et les premiers numéros des Temps modernes. Sartre donna une conférence, "L'existentialisme est-il un humanisme ?" Il ne se passait pas une semaine sans qu'on parlât de nous dans les journaux. Partout paraissaient des échos sur nos livres, sur nous. Dans les rues, des photographes nous mitraillaient, des gens nous abordaient. Au Flore on nous regardait, on chuchotait. À la conférence de Sartre, il vint une telle foule que la salle ne put la contenir : ce fut une bousculade effrénée et des femmes s'évanouirent." (La Force des choses, t. I, p. 60-61.) |