Carnets de la drôle de guerre (1983)



Pendant la drôle de guerre, Sartre, mobilisé en Alsace, profite d'une relative oisiveté pour travailler, lire, envoyer de longues lettres à ses intimes et, surtout, tenir un journal - journal de guerre, plus que journal intime. Des quinze carnets écrits entre septembre 1939 et juin 1940, sept seulement subsistent à ce jour. Dès le premier carnet, daté de septembre-octobre 1939, émergent quelques thèmes essentiels que Sartre ne cessera de reprendre dans les grands traités philosophiques, dans les biographies ainsi que dans son autobiographie : "Me traiter - non par intérêt pour moi mais parce que je suis mon objet immédiat - successivement et simultanément par les diverses méthodes les plus récentes d'investigation : psychanalyse, psychologie phénoménologique, sociologie marxiste ou marxisante, afin de voir ce qu'on peut bien tirer concrètement de ces méthodes." Cette préoccupation fondamentale pose déjà en quelques phrases la question qui trouvera une réponse dans L'Idiot de la famille : "Comment rendre compte d'un homme dans son intégralité ?"
Ce texte unique en son genre, à la fois brouillon d'une œuvre philosophique et travail sur soi, ne sera publié qu'à titre posthume.