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Entre 1954 et 1956, Sartre rédige une quinzaine de "blocs-notes" sur Flaubert, pour répondre, en se confrontant à la psychanalyse, à cette question : "Que peut-on savoir d'un homme aujourd'hui ?" Le titre L'Idiot de la famille est trouvé en 1957. Une version nouvelle est élaborée vers 1964-1965, dont quelques fragments paraissent en 1966 ("La conscience de classe chez Flaubert" et "Flaubert, du poète à l'artiste") ; elle est entièrement remaniée en 1969 et publiée en 1971 en deux épais volumes.
Écrit à la suite, le tome III paraît en
1972 : c'est une étude sociocritique consacrée
aux écrivains du Second Empire que réunit la passion
de "l'échec". L'entreprise devait être complétée
par un volume autour de Madame Bovary, projet interrompu par
la cécité de l'auteur, mais dont il reste des
notes ; celles-ci sont partiellement données en annexe
dans la réédition de 1988 du tome III.
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L'Idiot de la famille
est à la fois une biographie de psychanalyse existentielle
et un traité de philosophie sur l'universel-singulier
où s'approfondissent les thèmes de l'imaginaire,
du conditionnement individuel, la question du Sujet et son décentrement
par les jeux de rôle, les fictions et la matérialité
du langage. Cet ouvrage inachevé est pourtant le plus
abouti de Sartre, tant sur le plan théorique - il y étudie
la bêtise, le sado-masochisme, l'hystérie, la déréalisation
-, que pour la compréhension de Flaubert et de ses mythes
personnels ("la Terre est le Royaume de Satan", "le Pire est
toujours sûr"), amenant, via les écrits de jeunesse,
à l'explicitation de l'œuvre littéraire et du
style.
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