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Rédigé à
l'origine dans des classeurs à feuilles perforées,
à des périodes diverses, comme en témoignent
les encres et les écritures différentes, abondamment
corrigé, le seul manuscrit connu de ce célèbre
roman, conçu au départ comme un "factum sur la
contingence", témoigne des difficultés de la genèse,
qu'évoquent longuement les mémoires de Simone
de Beauvoir, témoin privilégié et dédicataire
sous le nom du Castor. Partant d'une méditation sur l'absurde
et l'aventure, c'est la somme transposée des expériences
vécues par Sartre : le professorat du Havre, la découverte
de la phénoménologie et de Kafka, la dépression,
l'expérimentation de la mescaline, sans aucune allusion
aux événements politiques d'alors.
L'ambition de Sartre était d'exprimer sous une forme
littéraire des vérités et des sentiments
métaphysiques. Le manuscrit, trois fois repris, de plus
en plus étoffé jusqu'à devenir un long
roman intitulé "Melancholia" (en référence
à la gravure de Dürer, qui était une des
œuvres préférées de Sartre et de Simone
Jollivet), fut d'abord refusé par Gallimard, qui jugeait
le texte trop long et trop cru. Grâce à l'intervention
de Charles Dullin et de Pierre Bost, après censure de
quarante-cinq passages et changement de titre, le roman fut
publié en 1938 et, bien accueilli, connut un assez grand
succès.
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