patience...
 


L'homme transparent

Femme de verre
    
Copie de 1980    
Franz Tschakert
   
Dresde, Deutsches Hygiene-Museum
Hauteur : 193 cm
En 1911 a lieu à Dresde la 1ère Exposition universelle d'hygiène ; elle accueille plus de cinq millions de visiteurs. Ce genre de manifestation s'inscrit dans le vaste mouvement d'éducation populaire à l'hygiène et à la santé né dès la fin du XIXe siècle dans l'ensemble des pays d'Europe. Au cours des années vingt, hygiénisme et eugénisme se trouvent de plus en plus associés; campagnes, expositions et musées font la promotion d'un individu qui, par son mode de vie sain, "apporte sa contribution à la santé du peuple", et le musée allemand d'Hygiène proclame, dès 1926, que "le devoir de santé le plus important pour un peuple est de préserver son patrimoine génétique". En 1930, une seconde Exposition universelle d'hygiène se tient à Dresde, peu après l'ouverture du musée. C'est à cette occasion qu'est présenté L'Homme de verre, réalisation du fabricant de modèles Franz Tschakert, qui fait immédiatement sensation : grâce à l'utilisation d'une matière transparente, le Cellon, il parvient à donner à voir la totalité de l'anatomie et de la physiologie humaines en trois dimensions. "Les spectateurs pénétraient à travers une sorte de sas de lumière dans une salle plongée dans une semi-pénombre. Quittant l'agitation de la rue, ils entraient dans un espace vaste comme une cathédrale, avec un grand rideau bleu sombre éclairé de côté par des sources de lumière cachées. Le spectateur descendait quelques marches et voyait, sur un socle circulaire, une représentation en trois dimensions de l'anatomie interne […] Lorsque la salle devenait totalement obscure, que les organes, à commencer par le cœur, s'allumaient l'un après l'autre, qu'une voix mélodieuse préenregistrée donnait des explications précises, les spectateurs se trouvaient fascinés par cette restitution "éclairée" du corps humain." Représentation de l'homme comme chef-d'œuvre, en même temps que comme modèle d'organisation unitaire et hiérarchisée, la statue de verre de Dresde a donné lieu à de nombreux exemplaires, masculins et féminins, qui ont été exhibés dans la plupart des grandes expositions des années trente, en particulier à Paris en 1937 et à New York en 1939.