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La
route tourne à gauche, nous descendons ; les montagnes
calcaires entourant cette plaine rappellent le Mokattam. Le ciel
est tout chargé de nuages, l'air humide, on sent la mer,
nos vêtements sont pénétrés de moiteur.
Je désire ardemment être arrivé, comme toutes
les fois que je touche à un but quelconque : en toute
chose j'ai de la patience jusqu'à l'antichambre. Quelques
gouttes de pluie. Une heure après avoir quitté le
puits, nous arrivons dans un endroit plein de roseaux et de hautes
herbes marécageuses ; des dromadaires et des ânes
sont au milieu, mangeant et se gaudissant ; de nombreux petits
cours d'eau épandus coulent à terre sous les herbes,
et déposent sur la terre beaucoup de sel ; c'est EI-Ambedja
(endroit où il y a de l'eau). Les montagnes s'abaissent,
on tourne à droite. Pan de rocher rougeâtre, à
gauche, à l'entrée du val élargi qui vous conduit,
d'abord sur des cailloux, ensuite sur du sable, jusqu'à Kosséir.
Dans mon impatience je vais à pied, courant sur les cailloux
et gravissant les monticules pour découvrir plus vite la
mer. Dans combien d'autres impatiences aussi inutiles n'ai-je pas
tant de fois déjà rongé mon cœur ! Enfin
j'aperçois la ligne brune de la mer Rouge, sur la ligne grise
du ciel. C'est la mer Rouge !
Je remonte à
chameau, le sable nous conduit jusqu'à Kosséir. On
dirait que le sable de la mer a été poussé
là par le vent, dans ce large val ; c'est comme le lit
abandonné d'un golfe. De loin on voit les mâts de l'avant
des vaisseaux, qui sont désarmés, comme ceux du Nil.
On tourne à gauche. Sur de petites dunes de sable voltigent
et sont posés des oiseaux de proie. La mer et les bâtiments
à droite ; Kosséir en face, avec ses maisons
blanches. À droite, avant de tourner, quelques palmiers entourés
de murs blancs : c'est un jardin. Comme cela fait du bien aux
yeux !
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