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Une partie du mythe oriental tient à
la femme, véritable métaphore de la terre d'Orient,
matrice du monde, terre des origines. Pourquoi les artistes y font-ils
retour au XIXe siècle ?
De quelles promesses ces femmes alanguies, au harem ou au bain turc
– pour citer les clichés de l'époque –,
sont-elles porteuses ? Ce rêve
de luxe et de volupté mêlés inspire aux artistes
des œuvres fortes et épicées, où la femme orientale
– odalisque, houri ou almée – occupe la place d'une
muse d'un genre nouveau, inspiratrice non de l'amour mais du désir.
Odalisques de Delacroix, Orientales de Hugo, baigneuses d'Ingres,
Ottomane amoureuse de Loti.
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L'icône
orientale circule et conforte ses traits, dans un échange incessant
entre littérature et peinture. En témoigne, entre autres,
la dédicace de Balzac, "À Eugène Delacroix, peintre",
pour son roman La Fille aux yeux d'or.
Mais ces beautés orientales ne s'offrent pas à une lecture
univoque. Leur sensualité oscille, avec ambiguïté,
entre volupté et cruauté (pensons à Judith décapitant
Holopherne !). Leur apparition est soumise à des tensions
paradoxales : dévoilées dans une civilisation du
voile ; offertes à la vue, mais enfermées dans
des lieux soustraits aux regards ; femmes maîtresses, en
attente du maître. Toutes ces contradictions entrent ainsi dans
la définition d'un regard occidental, plus marqué par
ce qu'il a "vu" de l'Orient, dans son rêve, que de ce qu'il
a réellement visité.
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Au-delà,
sans doute l'Orient constitue-t-il une contre-épreuve de la
réalité occidentale. À la société
bourgeoise du XIXe siècle qui s'épanouit
dans une atmosphère de libéralisme pragmatique, normalisant
les rapports entre les sexes, les artistes opposent ainsi un espace
ouvert à toutes les rêveries condamnées, à
toutes les tentations d'une sensualité interdite.
L'Orient
au féminin – cet Orient fait femme – révèle
ainsi, plus profondément, un Orient intérieur, une sorte
d'"inconscient" avant l'heure de l'homme blanc, partagé, à
l'heure de la conquête coloniale, entre fascination et appréhension.
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