Printemps, journal d'un convalescent
Émile Zola.
Manuscrit autographe, 203 x 158 mm
BnF, Manuscrits, NAF 10294, f. 149
© Bibliothèque nationale de France
Cette nouvelle, dont les manuscrits sont conservés avec les dossiers préparatoires de La Faute de l'abbé Mouret, a probablement été rédigée entre 1865 et 1868. Dans ces quelques pages, écrit Roger Ripoll, se trouvent rassemblés plusieurs des grands mythes qui organiseront l'univers romanesque de Zola, mythe de la lutte de la vie et de la mort, mythe de la terre mère et d'une naissance terrestre qui assimile la vie humaine à la naissance végétale, mythe du souterrain, qui, en prenant appui sur les prétextes réalistes qu'offrent la mine et le chemin de fer, se développera dans Germinal et dans La Bête humaine." (Contes et nouvelles, Pléiade, p. 1286.) Le cauchemar de l'enterré vivant, récurrent chez Zola et d'ailleurs fréquent chez nombre de ses contemporains, se retrouve dans des nouvelles comme Le Sang (1862) ou La Mort d'Olivier Bécaille (1879). Ce texte a surtout directement inspiré la description de la convalescence de Serge au début de la deuxième partie de La Faute de l'abbé Mouret. Il en existe deux versions, dont seule la seconde est optimiste, débouchant sur une guérison-résurrection qui coïncide avec l'arrivée du printemps. On y trouve, associée au thème de la montée de la sève, la métaphore de la circulation sanguine. "La verdeur s'est noircie du sang épais de la sève, et la santé m'aveugle. Je ne sens plus en moi le printemps doux et faible ; j'ai rapporté de la ville tous les soucis humains. Hélas ! je me porte bien, il faut vivre." (NAF 10294, f. 149.) Une même tentation apathique s'exprime dans Lazare, le premier livret rédigé par Zola pour Bruneau."