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Lorsqu'il se lance dans l'écriture d'un roman, Zola a déjà
derrière lui plusieurs semaines de travail, matérialisées par un dossier
plus ou moins gros selon les cas : des cent douze feuillets de La Fortune
des Rougon aux mille deux cent cinquante de La Débâcle, en passant
par les six cent vingt-huit du Bonheur des dames ou les neuf cent
cinquante trois de Germinal. On y retrouve toujours les mêmes éléments
: une ébauche, des plans, des fiches pour chaque personnage, des croquis
relevés sur les lieux de l'action, et une multitude de notes documentaires,
notes d'enquêtes, articles de presse, lettres de correspondants donnant
des informations précises - tout cela classé et soigneusement conservé dans
des chemises, chacune portant un titre générique. Ce dossier préparatoire
constitue les fondements et le matériau du roman, mais aussi une preuve
de la véracité des descriptions de l'écrivain qui entend faire œuvre de
naturalisme. Zola s'y référera d'ailleurs pour répondre aux critiques qui
l'accusent de noircir complaisamment ses tableaux. En 1880, Zola théorise
cette manière de travailler reposant sur des "notes prises longuement",
propre aux "grands romanciers contemporains" et en dicte les règles dans
Le roman expérimental, s'appuyant et tirant argument de l'Introduction
à l'étude de la médecine expérimentale de Claude Bernard. Mais sous
l'apparent dogmatisme, l'objectif principal reste de "faire mouvoir des
personnages réels dans un milieu réel, donner au lecteur un lambeau de la
vie humaine". Au moment de rédiger, le théoricien s'efface devant le romancier
et la puissance de ce que Mallarmé appelait "son art évocatoire" transforme
les récits minutieusement documentés des Rougon-Macquart en véritables
poèmes épiques. Les documents : Plan du quartier du Bonheur des dames Au Bonheur des dames, dossier préparatoire, première page de l'ébauche Au Bonheur des dames, dossier préparatoire, plan général (f.31 et f.32) Dornac, Émile Zola chez lui à Paris Liste de personnages du Bonheur des dames |