Les Fleurs du Mal : « Spleen »

Chez Poulet-Malassis et de Broise (Paris), 1857

Épreuves d’imprimerie de l’édition originale corrigées par Baudelaire et portant son « bon à tirer »
324 pages, 20 cm
BnF, Réserve des livres rares, RES P-YE-3006
© Bibliothèque nationale de France
Le manuscrit des Fleurs du Mal ayant disparu, ainsi que la quasi-totalité des placards, ces épreuves mises en pages demeurent le seul document permettant de restituer dans sa continuité l’aventure du livre, depuis la suppression de la première dédicace, présentée le 8 mars 1857 à Théophile Gautier, jusqu’aux dernières reprises de vers, après la mi-mai.
Circulant d’Alençon à Paris et retour, ces feuilles, maintenant reliées, attestent en outre l’extrême attention portée par l’auteur à l’orthographe (modérément traditionnelle), à la ponctuation (pour noter le sens mais aussi la ‟déclamationˮ) ainsi qu’à la mise en page. Elles servirent également de support aux questions de Poulet-Malassis, à ses objurgations (rageusement barrées par Baudelaire) à retourner sans tarder les placards corrigés. Elles manifestent enfin, par les notes et les recommandations du poète, une tension des derniers instants, indifférente à l’exaspération de l’éditeur, qu’il avait choisi, comme il se plut à le lui rappeler, parce qu’ils partageaient tous deux l’idée « qu’en toute espèce de production, il n’y avait d’admissible que la perfection ».