Laves basaltiques dans la Rivière de Saint-Denis (Île de la Réunion)

Henrico Adam et B. Tardieu, 1804

Illustration publiée dans le Voyage dans les quatre principales îles des mers d’Afrique de J.B.G.M. Bory de Saint-Vincent (Paris), chez F. Buisson, 1804
BnF, Réserve des livres rares, FOL-O3-53 (ATLAS) / Médiathèque du musée du quai Branly - Jacques Chirac
© Bibliothèque nationale de France
Cette estampe fait écho aux vers de Baudelaire dans « La vie antérieure », poème des Fleurs du Mal :
« J’ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques. »
 
En 1841, soucieux de le voir puiser « ses inspirations à de meilleures sources que les égouts de Paris », le général Aupick impose à son beau-fils un voyage dans les mers du Sud. Il n’ira pas au-delà des Mascareignes. Mais si de nombreux poèmes conservent le souvenir du « pays parfumé que le soleil caresse », l’exotisme de Baudelaire, nourri de lectures autant que d’expérience vécue, puis enrichi de la figure de Jeanne Duval, sa maîtresse mulâtre, est sans consistance géographique : fait de la matière du rêve, image olfactive plus que visuelle de « tout un monde lointain, absent, presque défunt », il a l’évanescence entêtante d’un parfum.
L’errance baudelairienne s’accomplit dans la valorisation d’un état de partance qui ne lie pas le voyage à une destination mais le renvoie à sa pure invitation, à l’appel du large. Au cœur de la tension entre Spleen et Idéal, c’est le désir qu’il s’agit de retrouver, dans la vitalité illimitée de son élan plutôt que dans l’assouvissement qui l’achève et l’abolit.