Lettre autographe de Charles Baudelaire à sa mère

Paris, 5 juin 1863

BnF, département des Manuscrits, NAF 19797, f. 99-100
© Bibliothèque nationale de France
« Ce que tu me dis de Mon Cœur mis à nu m’est aussi désagréable que ta répugnance à me voir maître d’une grande administration. Eh bien ! oui, ce livre tant rêvé sera un livre de rancunes. À coup sûr, ma mère et même mon beau-père y seront respectés. Mais tout en racontant mon éducation, la manière dont se sont façonnées mes idées et mes sentiments, je veux faire sentir sans cesse que je me sens comme étranger au monde et à ses cultes. Je tournerai contre la France entière mon réel talent d'impertinence. J’ai un besoin de vengeance comme un homme fatigué a besoin d’un bain... Je ne publierai certes Mon Cœur mis à nu que quand j’aurai une fortune assez convenable pour me mettre à l’abri hors de France, s’il est nécessaire. »