Imagiers
Les imagiers de l'enfance





Au tournant du XXe siècle, l’enfant est considéré comme un public à part auquel les éditeurs s’intéressent de plus en plus. Alors que se développe, au sein des milieux cultivés, un certain ostracisme à l’égard de l’image, c’est dans ce contexte qu’apparaît la presse enfantine illustrée. Détrônant les contes et les récits traditionnels, la bande dessinée se trouve détournée de son public d’origine et devient, pour plus de cinquante ans, un divertissement réservé aux enfants. La presse est désormais le support prépondérant, les œuvres les plus populaires étant les seules à bénéficier d’une seconde exploitation sous forme de livres. Il s’ensuit que les récits adoptent le plus souvent la structure du feuilleton découpée en épisodes.
En France, Georges Colomb, sous-directeur du laboratoire de botanique de la Sorbonne, est le premier à publier (sous le pseudonyme de Christophe) des histoires dessinées dans les illustrés pour enfants. Il est suivi un peu plus tard par Rubino en Italie et Mary Tourtel en Angleterre.
  
Animaux en crise



 

 

Prêter aux animaux une apparence anthropomorphe ou un comportement humain est l’une des grandes ressources traditionnelles de la bande dessinée, héritière en cela de la littérature enfantine et de la fable. Souvent les animaux ne sont que des masques désignant des types psychologiques ou sociaux comme en témoignent les aventures de Chlorophylle par Raymond Macherot ou les Fables de Florian par Benjamin Rabier. La société dans laquelle ils vivent est le reflet à peine déformant de celle des hommes. Quelquefois l'animal détient des pouvoirs magiques ou propres à son espèce. Mais les dessinateurs ont aussi la capacité démiurgique d’inventer des espèces, comme le Marsupilami de Franquin, issu d’un pays lui-même fictif : la Palombie. Le bestiaire de la bande dessinée est innombrable et croise l’ensemble des catégories génériques, du polar au merveilleux, de l’humour à l’érotisme.