Abraham Bosse | ||||
Les Métiers, v. 1632-1633 : Le Clystère | ||||
Eau-forte et burin, 265 x 335 | ||||
Tours, MBA, 1894-6-8, épreuve du 2e état (le 1er chez Leblond) | ||||
Cette série comprend sept pièces. Le caractère extrêmement vivant et l'aspect très savoureux de ces estampes ont fait leur immense popularité. Certaines ont été copiées au XVIIe siècle, parfois à plusieurs reprises. Dans La Saignée, l'opération était terminée et la malade souhaitait la renouveler ; ici, au contraire, le médecin s'apprête à intervenir et l'encourage, tandis qu'une jeune servante apporte le fauteuil percé. Si Bosse joue sur l'échange psychologique, chez lui les attitudes, les relations et les vers comptent plus que l'étude précise des visages. Ainsi, la servante âgée retient le chirurgien qui avance d'un pas souple et dansant. Sa maîtresse est trop pudique pour souffrir sa présence. L'alitée semble moins farouche que ne le prétend sa servante : quelle est la fièvre qui l'habite et dont elle prétend être déjà lassée ? Ne serait-elle pas née de quelque amour ardent ? Tout cela prend une allure romanesque à laquelle le texte n'est pas étranger. Comme la plupart des tapisseries qui couvrent les murs des intérieurs de Bosse, celles-ci sont historiées. Près du lit, l'une montre le siège d'un château fort, et, près de la fenêtre, l'autre figure une chasse au cerf. Est-ce là simple coïncidence ? De même, dans La Saignée, on voit près du lit d'un côté un château fortifié et de l'autre des étendards évoquant les romans de chevalerie. | ||||
En bas à droite : ABosse fé. Sous les vers, en bas au centre : A Paris, Chez Melchior Tauernier et Abraham Bosse en l'jsle du Pallais. Dans un espace réservé au bas de l'image, 16 vers sur 4 colonnes : I'ay la siringue en main, hastez vous donc, Madame, / De prendre pour le mieux ce petit lauement / Il vous rafraischira, car vous n'estes que flame, / Et l'outil que je tiens entrera doucement. // Tout beau Monsieur, tout beau, Madame est trop modeste, / Pour souffrir vostre abord, allez vn peu plus loing : / Donnez moy la siringue, & je feray le reste, / Car c'est vn instrument dont je m'ayde au besoing. // Vous faites bien du bruit, pour vn sale mystere, / Qui me desplaist si fort qu'à regret jy consens, / Mais vous ne voyes pas qu'avec vostre clystère, / Vous ne scauriez guerir la fieure que je sens. // Du mal que j'ay ceans je suis desia lassée, / Et veux sortir d'icy malgré les Medecins ; / Qui condemnent Madame à la chere percee, / Et me font tous les jours nettoyer cent bassins. | ||||