Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Divers exercices de la troupe de l’Olympischer Circus d’Ernst Renz à Berlin

Imprimerie Oehmigke & Riemschneider, 1850-1851
Estampe n°1941, dite de Neu Ruppin
Collection Jacob/William. CNAC, Châlons-en-Champagne ; La Tohu, Cité du cirque Montréal, Québec
© Centre national des arts du cirque, collection Jacob/William
Fondé à la fin du XVIIIe siècle, le cirque moderne, un spectacle essentiellement équestre, brûle de tous ses feux au milieu du XIXe siècle. Les établissements s’arrachent les meilleurs écuyers et leur font travailler exercices de répertoire et nouvelles scènes de manège avec un luxe de présentation inouï. Funambule, homme fort puis écuyer, entrepreneur infatigable, Ernst Renz (1815-1892) se lance en 1842 dans une aventure artistique qui fait entrer Berlin au panthéon des capitales du cirque européen. Dans sa rivalité avec l’entrepreneur français Louis Dejean, directeur de la troupe des Deux-Cirques à Paris qui s’installe à Berlin à Noël 1850 sur la Friedrichstrasse, Renz développe sa communication autour des artistes les plus remarquables des deux saisons de l’année 1850, à l’exception des écuyères et écuyers de haute école, bizarrement oubliés.
La lecture des programmes permet d’identifier sur la première ligne de l’estampe ci-dessus Adolph Nief en jongleur de force à cheval [Force reiter] en costume de soldat grec, Louis Gautier dans le pas-de-deux L’Écossais et la Sylphide interprété avec Madame Gautier et Mlle Adeline en danseuse espagnole. Sur la ligne médiane deux groupes accompagnés de grooms grotesques en casaque et casquette de jockeys racontent des histoires différentes, à gauche une Contredanse à la française du temps de Louis XIV et à droite une Course de Postillons pugnaces que fixe des yeux, goguenard, un personnage familier aux spectateurs du Cirque des Champs-Élysées. Il s’agit d’Auriol père, son légendaire bonnet de fou à grelots sur la tête et sa tunique à pointes qui se détache sur des chausses à tonnelet. Le « clown » (dans son acception première, de « sauteur remarquable ») est alors de tous les spectacles.
Enfin, les trois vignettes dessinées au bas de la planche campent des silhouettes propres à exciter le besoin de sensation du public. Ainsi, à droite, c’est une écuyère travestie, Mlle Virginie (Blennow), qui interprète le rôle du Marin anglais, dans une scène de voltige à la Richard. Puis, cédant à la soif d’exotisme du public, c’est dans un déguisement de Chinois qu’Ernst Renz demande à un jeune acrobate virtuose (Baptiste Loisset ou Pierre Monfroid ) d’exécuter son impeccable saut périlleux avant au-dessus du cheval, en point d’orgue d’un « pot-pourri chinois ». Enfin, sans état d’âme, inspiré par l’origine africaine de l’écuyer James Mentor, il l’arme d’un arc, le pare d’une coiffe et d’une ceinture de plumes et pose une peau de léopard sur le dos du cheval, pour remettre à l’affiche la « danse sauvage » qu’il avait créée en 1844 pour l’écuyer algérien Mar (Amar ?) Zezome et qu’il reprendra en 1868 pour Miss Sara, qu’il présente sous le nom de La Reine de Nubie.
À la bibliothèque de l’Opéra est conservée une représentation de Sarah l’Africaine dans sa prestation à l’Hippodrome de l’Étoile en 1866, avant son contrat au cirque Renz : le dessin de la cavalière et de sa monture, silhouette, postures et parures, est rigoureusement semblable à celui de l’estampe berlinoise de 1850-1851.
 
Voir aussi :
- « Le cirque Otto », nom familier pour le Cirque National de Paris ouvert par Louis Dejean, au 141 Friedrichstrasse.
- «Sarah. Artiste de l’hippodrome », lithographie de Schwartz d’après Secretin, Paris, chez Destouches, 1887.
 
Sources :
- Alwil Raeder, Der Circus Renz in Berlin (1846-1896), Berlin, 1897.
- Programmes de l’Olympischer Circus (du 9 janvier au 15 avril 1850 et du 6 octobre 1850 au 2 mars 1851), p. 68-73.