Emilio Zavatta, corde élastique burlesque
Gran Circo Price en tournée, entre 1971 et 1976
Centre national des arts du cirque, archives Tristan Rémy
© Photo Michel Esnault
Familier du Circo Price, cirque stable de Madrid, dans les années 1960-70, Emilio Zavatta est invité par Arturo Castilla à se produire sous le chapiteau du Gran Circo Price qu’il fonde après la destruction du bâtiment de pierre en 1971.
D’origine italienne, fils d’Oreste Zavatta (1870-1944), Emilio Zavatta (1916-1986) est un cousin de Luigi-Louis dit « Tonino », Riccardo « Michel », Isolina, Rodolfo « Rolf », Eleonora « Titine » et Alfonso « Achille », tous nés de Frederico-Demetrio Zavatta (1877-1953) directeur du Circo Equestre à son nom.
Pratiqué sous la férule de leurs ainés, un travail exigeant d’acrobatie au tapis et sur le dos des chevaux donne aux jeunes Zavatta un solide bagage qu’ils peuvent ensuite appliquer à divers agrès. Emilio choisit le fil tendu et surtout la corde élastique, qu’il aborde très vite sur un mode comique, multipliant les ratages burlesques pour terminer son numéro par un impressionnant saut périlleux arrière. Les cousins développent tous une vis comica qu’ils exploitent en se façonnant un personnage de clown, comme Michel ou Rolf ou d’auguste, comme Tonino et Achille. Emilio incarne pour sa part une figure excentrique dans le paysage des comiques de piste : celle du tramp, le vagabond, immortalisé à la scène au début des années 1900 par l’acteur de vaudeville américain Louis McGrath « Nat Wills » (1873-1917), et revivifiée par le cycliste excentrique viennois Joë Jackson (1878-1942).
En 1950, à son retour d’une tournée de deux ans avec le cirque Ringling Bros. and Barnum & Bailey, Emilio Zavatta adopte la barbe et la dégaine du hobo américain, figure du chemineau jeté sur les routes par la Grande Dépression des années 1930. Il s’inscrit ainsi dans la lignée d’Emmett Kelly (1898-1979) ou d’Otto Griebling (1896-1972), dont l’argument comique s’appuie sur un décalage exorbitant entre leurs haillons et l’univers pailleté du cirque. Baptisé « Le vagabond magnifique », Emilio Zavatta utilise sa corde élastique comme un objet de propulsion et rejoint ainsi les clochards fildeféristes de l’après-guerre, rebutants à dessein dans leurs défroques de loosers, mais cocasses et sidérants par la virtuosité de leurs rebonds et l’audace de leurs cascades. Avec l’Anglais Reco (Herbert Reco, directeur du Reco’s Bros. dans les années 1940), le Hongrois Linon (apparu chez Knie en 1947) ou le Norvégien Otto (Arild Otto Arnardo, 1942-2020, 2e directeur du Cirkus Arnardo dans les années 1980), ils partagent la même pugnacité facétieuse dans la manipulation d’accessoires traditionnels comme le lourd balancier ou l’échelle piégeuse.
Laissant à Linon l’image du clown tragique, vieil enfant blagueur, sage et solitaire, le malicieux agitateur italien s’entoure de girls empressées et fait jouer à son épouse Rosita (Rosa Meititori) le rôle de faire-valoir, à l’instar de May, la partenaire de Reco. Sa renommée dans les grands cirques comme Amar, qui le met à l’affiche en 1958 et 1962, dérange son cousin Achille qui le poursuit en justice pour préserver l’exclusivité du nom de Zavatta. Ainsi, le journal Libération du 31 janvier 1962 titre-t-il : « Zavatta à Zavatta. Ne fais pas le clown (avec mon nom) ».
Voir aussi :
- Vidéo de Reco and May au Battersea Park de Londres, 1951.
- Vidéo de Arild « Otto » Arnardo, 2e directeur du Cirkus Arnardo, au 4e Festival international de cirque de Monte Carlo, 1977.
Sources :
- Lady Eleonor Smith, British Circus Life, d’après les photographies de John Hinde, London, Éditions G. G. Harrap, 1948.
- Photographies du Reco Bros. Circus par John Hinde, sur le site du V&A Museum.
- Lytham, Reco and May en tournée au Bertram Mills Circus, 1955.
- Magazines illustrés du Cirque Knie des années 1947, 1956 et 1963 pour Linon ; 1953 (150 ans de la dynastie) pour Reco.
- Adrian, Le Sens de l’équilibre, 1993, p. 91 (Emilio Zavatta, Reco, Linon, Otto…).
- C. Zavatta, R.C. Plancke, Il était une fois les Zavatta, Éditions Amatteis, 1995.
- Article « Arturo Castilla, Circus Director and Impresario » par Raffaele de Ritis sur le site Circopedia.
D’origine italienne, fils d’Oreste Zavatta (1870-1944), Emilio Zavatta (1916-1986) est un cousin de Luigi-Louis dit « Tonino », Riccardo « Michel », Isolina, Rodolfo « Rolf », Eleonora « Titine » et Alfonso « Achille », tous nés de Frederico-Demetrio Zavatta (1877-1953) directeur du Circo Equestre à son nom.
Pratiqué sous la férule de leurs ainés, un travail exigeant d’acrobatie au tapis et sur le dos des chevaux donne aux jeunes Zavatta un solide bagage qu’ils peuvent ensuite appliquer à divers agrès. Emilio choisit le fil tendu et surtout la corde élastique, qu’il aborde très vite sur un mode comique, multipliant les ratages burlesques pour terminer son numéro par un impressionnant saut périlleux arrière. Les cousins développent tous une vis comica qu’ils exploitent en se façonnant un personnage de clown, comme Michel ou Rolf ou d’auguste, comme Tonino et Achille. Emilio incarne pour sa part une figure excentrique dans le paysage des comiques de piste : celle du tramp, le vagabond, immortalisé à la scène au début des années 1900 par l’acteur de vaudeville américain Louis McGrath « Nat Wills » (1873-1917), et revivifiée par le cycliste excentrique viennois Joë Jackson (1878-1942).
En 1950, à son retour d’une tournée de deux ans avec le cirque Ringling Bros. and Barnum & Bailey, Emilio Zavatta adopte la barbe et la dégaine du hobo américain, figure du chemineau jeté sur les routes par la Grande Dépression des années 1930. Il s’inscrit ainsi dans la lignée d’Emmett Kelly (1898-1979) ou d’Otto Griebling (1896-1972), dont l’argument comique s’appuie sur un décalage exorbitant entre leurs haillons et l’univers pailleté du cirque. Baptisé « Le vagabond magnifique », Emilio Zavatta utilise sa corde élastique comme un objet de propulsion et rejoint ainsi les clochards fildeféristes de l’après-guerre, rebutants à dessein dans leurs défroques de loosers, mais cocasses et sidérants par la virtuosité de leurs rebonds et l’audace de leurs cascades. Avec l’Anglais Reco (Herbert Reco, directeur du Reco’s Bros. dans les années 1940), le Hongrois Linon (apparu chez Knie en 1947) ou le Norvégien Otto (Arild Otto Arnardo, 1942-2020, 2e directeur du Cirkus Arnardo dans les années 1980), ils partagent la même pugnacité facétieuse dans la manipulation d’accessoires traditionnels comme le lourd balancier ou l’échelle piégeuse.
Laissant à Linon l’image du clown tragique, vieil enfant blagueur, sage et solitaire, le malicieux agitateur italien s’entoure de girls empressées et fait jouer à son épouse Rosita (Rosa Meititori) le rôle de faire-valoir, à l’instar de May, la partenaire de Reco. Sa renommée dans les grands cirques comme Amar, qui le met à l’affiche en 1958 et 1962, dérange son cousin Achille qui le poursuit en justice pour préserver l’exclusivité du nom de Zavatta. Ainsi, le journal Libération du 31 janvier 1962 titre-t-il : « Zavatta à Zavatta. Ne fais pas le clown (avec mon nom) ».
Voir aussi :
- Vidéo de Reco and May au Battersea Park de Londres, 1951.
- Vidéo de Arild « Otto » Arnardo, 2e directeur du Cirkus Arnardo, au 4e Festival international de cirque de Monte Carlo, 1977.
Sources :
- Lady Eleonor Smith, British Circus Life, d’après les photographies de John Hinde, London, Éditions G. G. Harrap, 1948.
- Photographies du Reco Bros. Circus par John Hinde, sur le site du V&A Museum.
- Lytham, Reco and May en tournée au Bertram Mills Circus, 1955.
- Magazines illustrés du Cirque Knie des années 1947, 1956 et 1963 pour Linon ; 1953 (150 ans de la dynastie) pour Reco.
- Adrian, Le Sens de l’équilibre, 1993, p. 91 (Emilio Zavatta, Reco, Linon, Otto…).
- C. Zavatta, R.C. Plancke, Il était une fois les Zavatta, Éditions Amatteis, 1995.
- Article « Arturo Castilla, Circus Director and Impresario » par Raffaele de Ritis sur le site Circopedia.
Images liées
BnF, Éditions multimédias, 2021