Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Tilly et Dolly Price, diabolo ‟artistiqueˮ

Vers 1910
Centre national des arts du cirque, fonds Jacques Richard
© D.R.
Filles de John Price et de Louise Renz, Mathilde dite Tilly (1895-1977) et Dolly (1897-1976) descendent de vieilles familles d’artistes anglo-saxonnes qui ont contribué à écrire l’histoire du cirque. Leurs choix et leurs mariages, l’une en 1924 avec Henri Rancy et l’autre quelques années plus tard avec Gustave Fratellini (1897-1942), petit-fils d’Enrico Gaspero dit « Gustave » (1842-1902), le fondateur de la dynastie, les ancrent encore dans un terreau riche en créations et en personnalités marquantes. Formées à l’acrobatie, la danse et l’équitation, les deux sœurs pratiquent plusieurs disciplines dès leur jeunesse. Héritières de l’agilité et de l’adresse des Price, acrobates, jongleurs et musiciens, elles exploitent notamment une facette insolite de la manipulation d’objets : celle du diabolo.
Importée de Chine cent ans plus tôt, particulièrement en Allemagne où vers 1820 Ramo Sameo, déguisé en Chinois, se produit avec succès, la pratique du diabolo est relativement nouvelle. Au début du XXe siècle les premiers diabolistes font tourner sur un fil ce qu’on appelle aussi « la toupie allemande ». Ancien trapéziste, Arthur Kaulfuss (1882-1955) – Mac Sovereign I à la scène –, crée « le grand huit » vers 1907 en propulsant son diabolo du fil dans une roue en rail métallique, où il fait un looping avant qu’il ne le rattrape sur le fil. Sous des dehors romantiques suggérés par de longues robes blanches et des fleurs piquées dans les cheveux, Tilly et Dolly Price développent un jeu délié et des échanges étonnants de précision qu’elles perfectionnent pendant la petite dizaine d’années où elles présentent leur numéro, du Cirque Ciniselli à Saint-Pétersbourg jusqu’à l’Olympia en France.