La perspective d’organiser des courses de taureau, corridas espagnoles ou touradas portugaises, séduit les entrepreneurs de divertissements soucieux de diversifier leurs propositions. Les défilés des équipes – paseos – avec les toreadors ou caballeros en plaza, à cheval, en tête, les costumes rutilants, les éclats de la musique et les rites cérémoniels de la course renouvellent la curiosité. Les points communs entre la course de taureaux et le spectacle de cirque, qui se déroulent l’une et l’autre dans une arène ronde, ne résistent pas à l’observation tant les codes sont, finalement, différents. Mais le thème est exploité dans plusieurs cirques sous forme de courses, souvent sans mise à mort des taureaux, mais aussi sous forme de pantomimes, de chorégraphies… ou d’entrées clownesques.
Pour mettre en scène une corrida espagnole qui, sur l’affiche ressemble à une grande mêlée improbable de taureaux aux cornes « emboulées », de toreros à pied et de rejoneadores à cheval, Albert Schumann a fait ériger une palissade qui double le tour de piste de l’Albert-Halle.
L’Albert-Halle est un cirque stable de forme octogonale surmonté d’un grand dôme, construit en 1885 dans la ville allemande de Leipzig au sein d’un complexe de loisirs et de variétés, dont un palais de verre et d’acier, le Krystall Palast. Dédié au souverain Albert de Saxe, le bâtiment dispose d’une salle de 3 000 places qui entourent la piste. Ce cirque au volume majestueux reçoit dès son ouverture des troupes prestigieuses. La première est la compagnie d’Ernst Renz, « le roi du cirque », qui a accueilli et formé Gotthold Schumann (1824-1908), le fondateur de la dynastie et le père d’Albert Schumann senior. Ce dernier, entrepreneur ambitieux et homme de cheval réputé, né à Vienne en 1858 dans l’un des cirques d’Ernst Renz (1815-1892), se fera une gloire de racheter son empire à son fils et héritier, Franz Renz (1841-1901), en grande difficulté après la mort de son père.
 
Voir aussi :
- Dessin d’architecte du bâtiment de l’Albert-Halle de Leipzig.