Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Montage du Théâtre National Ambulant Gémier

Tournée de l’été 1911, sous chapiteau. Extérieur de la structure
Photographie de presse de l’agence Rol (Paris), réf. 14962
Tirage positif d’après un négatif sur verre, 13 x 18 cm
BnF, département des Estampes et de la photographie, EI-13 (98)
© Bibliothèque nationale de France
Acteur, metteur en scène et directeur de théâtre français, Firmin Gémier (Firmin Tonnerre, 1869-1933) prônait un théâtre social, pédagogique, interactif et populaire. Il n’eut de cesse que d’imaginer des dispositifs pour rapprocher le théâtre du public, de tous les publics. Observateur curieux comme Jacques Copeau ou Max Reinhardt du phénomène de symbiose entre les artistes et les spectateurs du cirque, il crée en 1920 Œdipe roi de Thèbes et La Grande pastorale dans la piste du Cirque d’Hiver.
En 1910, s’inspirant de la mobilité du cirque voyageur et encouragé par Romain Rolland, il réunit une équipe d’ingénieurs et de spécialistes chargés de concevoir la construction et le transport de deux chapiteaux, incluant une salle de 1 650 places, la scène et les coulisses. Les tentes, de 52 sur 24 m, confectionnées en toile d’Alençon et tenues par quatre mâts « Eiffel », en carré, se déploient sur 3500 m2. Il en monte simultanément une dans la ville programmée et l’autre dans la suivante, comme le fera quelques années plus tard le cirque Sarrasani.
L’infrastructure, le matériel scénique, les sièges, les générateurs pour 3 300 lampes, la régie son et lumière, la tente pour la cuisine et la cantine, les décors et les costumes, les voitures pour les sanitaires et les loges des artistes sont distribués dans 37 roulottes tirées par des tracteurs à vapeur en forme de locomotrices, comme les trains de voitures du cirque Lamy. Enfin, les employés, les artistes et les techniciens sont dotés de bicyclettes qui peuvent suivre des convois qui ne dépassent pas 8 km/h, si on en croit Le Temps du 9 juillet 1911, p. 4.
Lancée le 7 juillet 1911 par une inauguration mémorable sur l’Esplanade des Invalides, la tournée triomphale du Théâtre National Ambulant Gémier est soutenue par une presse quasi dithyrambique. Elle est suivie par un public enthousiaste que la jauge de la salle ne suffit pas à contenir et se poursuit jusqu’à son terme, début octobre 1911. Le succès de l’expérience n’empêcha cependant pas la liquidation de l’entreprise, trop dispendieuse, et la dispersion du matériel lors d’une vente aux enchères publiques les 18 et 19 mars 1911. Firmin Gémier repartit l’année suivante avec sa femme, la comédienne Andrée Migard et la troupe du Théâtre Antoine, en exploitant une structure plus légère, en bois, et un matériel acheminé par le train.
 
Sources :
- Journal des Débats politiques et littéraires du 9 juillet 1911, p. 1.
- Le Monde Artiste du 5 août 1911, p. 19.
- Catherine Faivre-Zellner, Firmin Gémier : Héraut du théâtre populaire, chapitre VI : « Pour une esthétique du théâtre populaire », Presses universitaires de Rennes, 2006. [En ligne, généré le 29 juillet 2019]. ISBN : 9782753527102. DOI : 10.4000/books.pur.2170.
- Jean-Claude Marrey, « Firmin Gémier : un homme, plusieurs visages », in Bref, périodique du théâtre national populaire n°102, janvier 1967, p. 32-38.
 
En savoir plus :
- Excelsior du 9 août 1911 (photographies de presse en bas et à gauche, le Théâtre National Ambulant Gémier monté place de la République à Lille).
- Train de voitures tirées par locomobile à vapeur.
- Une roulotte de l’administration.