Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

L’auguste Tico à la scie musicale

10e Grande Fête lilloise du Cirque
Palais Rameau de Lille, 1996
© Photo Christian Puttevils / Collection Marika Maymard
Métropole du Nord de la France, Lille perpétue une tradition régionale festive où le cirque a toujours eu une place privilégiée. En 1955, le journal régional La Voix du Nord installe dans le Palais des Sports de la Foire Internationale de Lille une infrastructure comprenant des milliers de places de gradins autour d’une piste. Pour créer et animer ce Cirque des Enfants, qui devient ensuite Cirque de La Voix du Nord le quotidien s’assure le concours de Jean-Pierre Panir (Jean Poupaert, 1925-2020), acteur, illusionniste, impresario et producteur, qui invite à Lille de grands numéros internationaux. Le succès ne se dément pas mais La Voix du Nord se retire au terme de 30 ans. L’expérience se poursuit néanmoins, sous l’égide de la municipalité et toujours à l’initiative de Jean-Pierre Panir, par l’organisation d’une Grande Fête lilloise du Cirque qui investit en 1987 le Palais Rameau de Lille.
Décidé à tenter lui aussi l’aventure du cirque, un enfant de Roubaix, Pierre Meurisse (1926-1998), cadre à la Sécurité Sociale, animait en amateur les kermesses locales sous le nom de Tico. Sa rencontre avec Jean Nohain en 1959 le décide à quitter son poste pour débuter une carrière comme auguste professionnel qui durera 25 ans, chez Amar, Pinder, Rancy-Carrington ou Zavatta fils. Peu maquillé, l’auguste cerne ses lèvres blanchies d’un trait brun et ses yeux d’un fin demi-cercle noir qui se termine en étoile sur la tempe. Dans l’encolure de son habit, il noue un ruban sur un faux col autonome, qui laisse voir un peu de peau au-dessus du plastron blanc et enfin, pose sur ses cheveux courts un chapeau melon, un peu de guingois.
Au rendez-vous du cirque lillois, il concourt désormais à l’harmonie du spectacle comme auguste de soirée en duo avec le nouveau M. Loyal, Thierry Fééry.
En novembre 1996, c’est la 10e édition de la Grande Fête lilloise du Cirque et la toute dernière pour Jean-Pierre Panir, son fondateur et directeur artistique. « Le tendre auguste Tico, mascotte de cette fête lilloise », selon Pierre Dhénin, est au rendez-vous à un moment attendu par le public avec un instrument de musique qu’il associe à l’artiste : une scie musicale, dont la mélodie plaintive est reprise sur un mode enjoué par l’orchestre de Roland Ingelaere.
D’allure désuète, anecdotique, un peu insignifiante et peu décorative dans un ensemble d’instruments de bois verni ou de cuivre rutilant, la lame sonore fait vibrer, sous l’archet, des notes flûtées comme une voix ou certains sons électroniques. Elle surprend et à ce titre, rejoint dans les valises des clowns, celles des Sipolos ou de Pipo junior, français, de l’auguste suisse Dimitri, des Rossi, italiens ou du clown catalan Gensy, les instruments insolites comme le flexatone cher à François Fratellini, les clochettes à main et autres bouteillophones.
 
Voir aussi :
- « Tico-Tico », chanson du film Saludos Amigos écrite par Zequinha Abreu (dont Pierre Meurisse évoquait l’interprétation par Jaime Plana et Ray Ventura comme source d’inspiration pour son nom de clown).
 
Sources :
- Pierre Dhénin, Le Cirque dans l’Univers n°180 du 1er trimestre 1996, p. 27.
- Petite nécrologie de Tico dans Le Cirque dans l’Univers n°189 du 2e trimestre 1998.
- Nécrologie de Jean-Pierre Panir dans La Voix du Nord du 19 février 2020.
- Jean-Pierre Panir, J’en ai fait, j’en ai vu, j’en ai connu, auto-édition, 2003.
- « T… comme Tico », dans La Mémoire des Rancy, en ligne.