Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Louisa Albertina (fille d’Albert), Paul, François, Albert Fratelliniet Robert (fils adoptif d’Albert)

Lithographie en noir et blanc d’après un dessin dessin préparatoire au tableau Dans les Coulisses de Fernand Fernel (1872-1934)
BnF, département des Arts du spectacle, RO CIRQUE
© Bibliothèque nationale de France
Ils étaient trois, trois frères pour un seul corps et une seule âme. Fondateurs d’une dynastie circassienne, ils connaissent la gloire de 1910 à 1940, sans faillir et avec une désarmante simplicité. Adorés des enfants, adulés par les adultes, ils créent le premier trio de l’histoire du cirque et imposent une synthèse parfaite des types clownesques en vogue à leur époque. Ils fusionnent trois traditions en les incarnant respectivement avec leurs spécificités et leurs personnalités : Paul est le « notaire », vêtu d’un habit noir très ajusté, un haut-de-forme et un monocle achèvent de lui donner une dignité comique qui crée un saisissant contraste avec l’allure dépenaillée d’Albert et l’élégance précieuse de François. Albert est le « pitre » et Paul le « contrepitre » : il se réfère à l’allure de Tom Belling, créateur à Berlin d’un personnage inévitablement imprégné d’un esprit germanique. François est le clown blanc du trio, d’une légèreté qui emprunte autant à son passé de voltigeur à cheval qu’à celle de l’arlequin classique de la commedia dell’arte et il suggère ainsi toute l’italianité de ses origines.
Les Fratellini développent leur propre répertoire d’entrées, prétextes à la création de situations et de personnages inédits. Pour l’entrée des Papillons, Albert se transforme en fleur aux larges pétales tandis que Paul et François se parent d’ailes chatoyantes, mais pour Les Fratellini en Suisse ou Les Pompiers, ils jouent d’un mélange de fantaisie et de réalisme. Enfin, pour les besoins d’une entrée particulière, ils font aussi appel à des partenaires, enfants ou figurants, pour endosser la défroque d’un cheval, une vache, un chameau ou un éléphant.
Le dessin de Fernel représente les derniers préparatifs de l’entrée de La Violetera, parodie d’une chanson romantique qui fait le succès au music-hall de l’une des vedettes de l’époque, Raquel Meller. Dans l’interprétation des Fratellini, Albert-Raquel substitue aux violettes du final, des poireaux qu’il jette avec générosité et entrain sur les spectateurs des premiers rangs.