Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

La Foire Saint-Ovide : vue et perspective de la place de Louis-le-Grand

Vers 1770
Gravure anonyme à l’eau-forte
BnF, département des Estampes et de la photographie, RÉSERVE QB-201 (110)-FOL
© Bibliothèque nationale de France
Cette gravure représente une partie de la Foire Saint-Ovide montée Place de Louis Le Grand – ancien nom de la place Vendôme – en 1770, avant qu’elle ne soit transférée Place de la Concorde en 1771. Son sujet principal est les deux loges qui se font face, à l’enseigne de Salle Gaudon à droite et de Salle Nicolet à gauche. Cette estampe immortalise un moment de l’histoire d’une sédentarisation des théâtres forains favorisée par l’ouverture du boulevard du Temple.
Pitre et acrobate, né en 1728, Jean-Baptiste Nicolet s’improvise en 1760 directeur d’une troupe de sauteurs, de mimes et de danseurs de corde. Il s’adjoint un homme habile, inventif et intempérant, Taconet, qui l’aide à monter des pièces à machines. Il peut présenter ainsi plusieurs pantomimes par jour. Ses acrobates, sauteurs et équilibristes réalisent des intermèdes dynamiques entre deux « arlequinades » de caractère un peu dramatique. Enfin, auxiliaire fameux, son singe Turco, revêtu de la robe de chambre d’un acteur de la Comédie-Française à l’article de la mort, M. Molé, fait la parade à l’entrée. Devenue célèbre, sa devise, affichée en grosses lettres au fronton de sa baraque annonce « De plus en plus fort chez Nicolet ».
À la suite du Sieur Gaudon – Pierre-Claude Gourliez –, qui apprit au père Guillaume Nicolet le métier de comédien dans l’emploi d’Arlequin, Nicolet jeune est l’un des premiers avec les théâtres de marionnettes de Fourré et les bamboches d’Audinot à s’installer à demeure dans l’intervalle entre la Foire Saint-Laurent et la Foire Saint-Ovide. Il saisit une opportunité : l’aménagement du boulevard du Temple, dû au comblement des fossés de la Porte Saint-Martin aux Filles du Calvaire. Il loue au Sieur Restier un espace entre baraque et théâtre qu’il baptise Salle des Grands Danseurs. Après l’incendie qui l’anéantit en 1770, il la reconstruit et obtient en 1772 du roi Louis XV le privilège de la rebaptiser Théâtre des Grands Danseurs du Roi. Après sa mort en 1796 et alors que sa veuve lui succède, l’enseigne est remplacée par celle de Théâtre de la Gaîté.
Alors qu’un écuyer anglais, Philip Astley, préside à l’avènement d’une nouvelle forme spectaculaire qu’il inscrit dans un cercle à Londres en 1768, l’écuyer français (Jean) Balp ouvre derrière le théâtre de Nicolet un manège d’équitation au lieu dit le Chantier de la Boule Blanche. En mai et juin 1779, le Journal de Paris annonce la présentation des exercices de dressage et de voltige équestres qu’il réalise avec son épouse, une écuyère espagnole. Dans les années suivantes, il est signalé dans les grandes villes de province à la tête d’une troupe fournie. L’histoire du cirque est décidément liée à celle du boulevard du Temple, qui verra, outre celle de Nicolet, l’implantation du Théâtre de Mme Saqui, son ancienne protégée, en 1814, et du 3e Cirque Olympique des Franconi en mars 1827.
 
Voir aussi :
- Boulevart du temple, le Théâtre Nicolet, estampe d’après une vue d’optique réalisée par Potémont [APM] vers 1775.
 
Sources:
- Henri Beaulieu, Les théâtres du boulevard du Crime, cabinets galants, cabarets, théâtres, cirques, bateleurs, de Nicolet à Dejazet (1752-1862), Paris, Bibliothèque du Vieux Paris, 1905.
- Annuaire des Lettres et des Arts (1845-1846), édition du journal Le Constitutionnel, Paris, 1847, p. 447-448.
- Alexis Bonnet, Architectonographie des théâtres de Paris, Paris, Editeur Orgiazzi, 1821, planche V, p. 55-58.
- Première représentation par le sieur Balp, écuyer français et son épouse sur un terrain du bd du Temple derrière le théâtre Nicolet dans Le Journal de Paris du 13 mai 1779.
- Programme détaillé des pantomimes du Théâtre des Grands Danseurs du Roi de Nicolet et annonce de nouveaux exercices du sieur Balp dans Le Journal de Paris du mercredi 30 juin 1779.
- Description d’un programme d’exercices équestres divers entrecoupés de « scènes grotesques » présenté par la troupe de Balp dans le Jardin de Flore dans Le Bulletin de Lyon, 1802, par Ballanche (Actes du Gouvernement, p. 307).