L’affiche ci-dessus fait la promotion de la Brazilian Family, jeune troupe familiale franco-brésilienne engagée fin 1878 à l’Hippodrome de l’Alma. La famille présente un programme de jeux icariens, une discipline initiée presque quarante plus tôt par l’Américain Richard « Risley » Carlisle, qu’ils compliquent par l’emploi d’agrès « antipodes » empruntés aux troupes d’acrobates japonais que le même Risley fait tourner en Occident à partir de 1866.
Dans la lignée de Risley, les familles Ethair et Sands, notamment, ont popularisé le Risley Act dans de petites formations essentiellement masculines. A contrario, la famille Freire avance sous la bannière d’une artiste féminine, cheville ouvrière de l’entreprise, Mlle Ronzatti, dont le portrait figure en médaillon au centre de l’affiche. Louée par la presse de son temps comme une artiste d’une audace, d’une souplesse et d’une puissance exemplaires, Mlle Ronzatti – Mme Freire – est représentée dans plusieurs exercices. Équilibriste en haut d’une « Échelle américaine » ou sur un agrès combiné à une perche, également posée sur les pieds de son partenaire, elle devient porteuse elle-même dans des élévations ou des jeux icariens avec leurs premiers enfants. En plus de Mlle Ronzatti, la compagnie se compose en 1879 d’un M. Freire que dans L’Orchestre du 1^er janvier 1879 le chroniqueur décrit comme « un clown », et de deux garçonnets.
Augmentée de deux enfants, la Troupe Freire se produit dans des parcs, sur les pistes de l’Hippodrome de l’Alma ou du Cirque Fernando, sur la scène de grands cabarets, mais aussi sur les plateaux de théâtres autour de la Méditerranée. La Cloche d’Argent du 23 mai 1885 relate leurs débuts aux Folies Bergère en ces termes : « Un homme étendu fait pivoter sur ses pieds une grande perche aux extrémités de laquelle sont deux trapèzes où voltigent deux gamins, cela semble impossible, n’est-ce pas ? Puis c’est Miss Ronzatti qui danse le Horn-Pipe, comme feu Buckingham, se promène sur le fil de fer comme l’électricité – plus visible heureusement – et rappelle à coups de revolver ses pigeons familiers qui l’entourent comme d’une auréole ailée. »
Avec le temps, Mlle Ronzatti occupe toujours le centre de l’affiche, avec de nouveaux exploits et l’image de « femme à la mâchoire d’acier ». Renversée sur la barre d’un trapèze, elle tient entre ses dents une chaîne épaisse qui soutient un canon auquel un assistant met le feu à blanc, à la façon de Olga alias Miss Lala, de Léona Dare ou de Miss Jeannetta.
Au XX^e siècle, certains enfants de la famille Freire font souche dans l’univers du cirque, dont William, qui forme sa propre troupe et se lie par mariage à la famille Zanfretta.
 
Sources :
- Hippodrome : équilibriste merveilleuse, dans L’Orchestre du 1^er janvier 1879.
- Au Théâtre de Sétif : la Troupe Freire dont l’étoile est Mlle Ronzatti, surnommée mâchoire d’acier dans Le Courrier de Sétif du 13 mars 1884.
- Cirque Fernando, Mlle Ronzatti, tour de force avec un canon et les 4 jeunes Freire au trapèze dans Le Progrès artistique du 6 mars 1885.
- Folies Bergère : débuts le jeudi précédent de la troupe Freiredans La Cloche d’Argent du 23 mai 1885, p. 2-3.
- Participation de Mlle Ronzatti et la Brazilian Family à la Fête des Buttes-Chaumont du dimanche 23 août dans Le Radical du 25 août 1885.
- Troupe Franco-brésilienne dans La Tafna, journal de l’arrondissement de Tlemcen du 13 novembre 1889.
- La Troupe Freire au Théâtre de Tlemcen dans Le Courrier de Tlemcen du 13 novembre 1889.
- Cirque Fernando : grand succès pour la troupe brésilienne Freire dans La France moderne du 3 décembre 1891.
- La troupe Freire est le clou de la soirée àl’Eldorado de Perpignan dans L’Art Lyrique de Lyon du 15 janvier 1905.
- Article sur Gabriel Pop, dit Ovaro (sic) et la troupe William Freire dans La Culture physique d’août 1935, p. 232-235.
- Adrian, En piste les acrobates !, Bourg-la-Reine, 1973, p. 54-56.