Dans la main de Dieu ou dans celle des princes, le globe a pris au fil du temps des significations diverses. Mais, image du ciel ou de la Terre ou plus simplement du monde dans sa globalité, le globe demeure à travers ses métamorphoses l'image d'une aspiration à l'unité, à l'ordre, à la beauté.
Symbole de l'empereur romain investi par sa victoire d'une puissance céleste empruntée aux dieux, il est devenu très vite, surmonté par la croix triomphale du Sauveur, l'emblème des princes d'Orient puis d'Occident, en quête d'un empire universel.
Dans le même temps, regagnant les sphères célestes, le globe figure la toute-puissance d'un Dieu, lui-même appréhendé comme "une sphère dont le centre est partout, et la circonférence nulle part".
Dans un premier temps, le globe apparaît peu dans les attributs des rois de France qui lui ont longtemps préféré la fleur de lis ; il revient en force dans les emblèmes du Roi-Soleil qui fait du globe fleurdelisé une image de sa puissance. L'évêque de Soissons au moment de son sacre ne l'avait-il pas invité à faire "de la France un univers et de l'univers une France" ?
Les rapports que les souverains entretiennent avec l'image du globe vont être fortement modifiés par l'élargissement du monde et les progrès de la géographie.
Les sphères diffusent de nouvelles images du monde mais elles deviennent instruments du paraître, images des sciences plus que de réels instruments scientifiques.
Les grands de ce monde s'entourent d'exemplaires uniques et prestigieux pour leur plus grande gloire, tels ces globes du Roi-Soleil tout à l'honneur d'un souverain qui a fait de la France la plus florissante monarchie du monde.
Le globe est désormais l'incontournable attribut de l'homme de savoir et de l'humaniste, omniprésent dans les portraits par-delà les évolutions de la gravure et de la peinture.
La symbolique de cette "boule du monde" est complexe : éternelle et parfaite elle est sphérique ; instable et éphémère, elle roule ; image du temps qui passe et de sa vanité, elle incarne également l'unité du savoir qui transcende la mort ; renversée, elle évoque un univers déstabilisé par la folie des hommes.
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