Naissance de la Culture Française

La monarchie absolue et son déclin:

Le Grand Siècle et le Siècle des Lumières

(après la seconde moitié du XVIIe siècle - fin du XVIIIe siècle)

Jugeant fondamentale la capacité d'un État à maîtriser la culture sous toutes ses formes, Louis XIV et Colbert mettent en oeuvre un "programme culturel" qui, dans les arts, les lettres et les sciences vise à glorifier la monarchie en la personne du roi. Ainsi les forces créatrices de l'élite intellectuelle et artistique se trouvent-elles "dirigées" vers les Académies, les produits de luxe, les sciences et dans une certaine mesure les conquêtes. Le roi Soleil n'aura cesse d'exalter cet élan créateur, de le rendre éclatant hors des frontières mêmes.
Jamais contrôle de la culture par l'État n'atteignit un tel degré en France. Les Académies récemment créées "glorifient" le roi, insuflant vitalité nouvelle à la "religion royale". Une censure sévère écarte les écrits jugés scandaleux, rejette les textes incompatibles avec l'idéal monarchique. Acquisitions à l'étranger de témoins remarquables d'autres cultures viennent encore rehausser le prestige du souverain. Et comme pour couronner ces heures glorieuses, le classicisme, avec son goût d'ordre et de règle, son aptitude à contrôler l'élan, son harmonie, sa distinction...
Très vite cependant, dès les dernières années du règne de Louis XIV, cet étatisme culturel quelque peu routinier apparaît à certains comme une insupportable contrainte, une "brimade" pour l'individu. Prenant leur pleine mesure sous Louis XV et Louis XVI, les idées des philosophes des Lumières en viennent à ébranler insensiblement les assises mêmes de la royauté: une sorte de révolution de "contre-culture". Versailles et la cour ne sont plus au centre de la France. C'est Paris, ses salons littéraires, ses cercles d'artistes, ses séances d'Académie. La presse, les comptes-rendus scientifiques, les explorations, les nouvelles découvertes vivifient la vie culturelle.
Croyant dans le destin de l'individu, confiant dans le progrès de l'humanité et dans son bonheur possible, l'écrivain - qu'il soit philosophe, romancier ou savant - est désormais porteur des espérances d'une société nouvelle, juste et parfaite. Autorité morale indépendante du pouvoir, il n'est plus le serviteur du roi. Émancipation de l'individu et mise en vedette d'idées considérées alors comme subversives atteignent leur apogée sous la Révolution. L'imprimé y joue un rôle de premier plan. C'est la fin de l'Ancien Régime.

118. Johannes Hevelius (1611-1687), Selenographia sive Lunae descriptio, Danzig, 1647
Réserve des Livres rares et précieux, Rés. V. 244

Premier atlas lunaire, la Selenographia de l'astronome Johannes Hevelius traite aussi de la fabrication des lentilles et des lunettes et de l'observation des corps célestes en général, des planètes et du soleil. L'auteur grava lui-même au burin les nombreuses figures et planches, en particulier les trois grandes cartes sur double page de la lune et les quarante représentations des phases lunaires. En remerciement de la pension qu'il lui avait octroyée, Hevelius offrit à Louis XIV le présent exemplaire admirablement colorié et qui porte une dédicace autographe datée de Dantzig, le 21 septembre 1663.

119. Les campagnes de Louis XIV, Campagne du roi pendant l'année M.DC.LXXVI., après 1678
Département des Manuscrits, Fr. 7892
Parchemin

La guerre de Hollande (1672-1678), durant laquelle Louis XIV fit preuve de réelles qualités stratégiques et tactiques, fut l'occasion d'une habile campagne de propagande menée par les historiens-poètes Boileau (1636-1711) et Racine (1639-1699) pour célébrer la gloire du roi "Louis-le-Grand". Elle fut l'origine de ces quatres volumes manuscrits, suites de plans permettant de suivre le déroulement des opérations et les déplacements des troupes françaises. En tête du premier volume, cette illustration de Louis XIV en empereur romain.

123. Molière (1622-1673), Les Oeuvres posthumes, tome VII [Dom Juan ou le Festin de Pierre], Paris, 1682
Réserve des livres rares et précieux, Rés. Yf. 3167

Dom Juan joué pour la première fois le 15 février 1665, connut un immense succès auprès du public; mais cette pièce qui met en scène un grand seigneur débauché et hypocrite, qui va jusqu'à défier Dieu, causa un tel scandale qu'elle fut retirée après quinze représentations. A la différence des autres pièces de Molière imprimées à la suite de la première représentation, Dom Juan ne parut pas du vivant de l'auteur. Cette première édition des Oeuvres complètes de Molière, date de 1682. A l'exception d'un cahier, elle présente le texte de la pièce avant censure. Grâce à un autre exemplaire complet, les éditeurs du XIXe siècle purent rétablir un texte le plus proche possible de la pièce jouée.

127. Apothéose de Claude, Rome, 54 après J.-C.
Département des Monnaies, Médailles et Antiques, Babelon 265.
Camée en sardonyx à trois couches, monture carrée en or émaillé

Cette gemme est l'un des plus beaux exemples de l'art du camée, technique de taille en relief des pierres dures, née à l'époque hellénistique, mais qui connut une grande faveur durant les deux premiers siècles de notre ère. Ce camée présente - thème courant au premier siècle - l'apothéose d'un empereur romain enlevé au ciel par un aigle. L'empereur, vraisemblablement Claude (41-54), vêtu de l'égide de Jupiter et du manteau impérial drapé autour des jambes reçoit d'une Victoire ailée la couronne de laurier. Considéré au Moyen Age comme une représentation de saint Jean l'Évangéliste, on y a reconnu quand Louis XIV en fit l'acquisition, l'apothéose de Germanicus, prince la famille impérriale, mort en Germanie, en 19.

136. Jacques Christophe Leblon, Portrait de Louis XV, 1739.
Département des Estampes et de la Photographie, AA4 Rés.
Gravure

Graveur, peintre et miniaturiste allemand, Jacques Christophe Leblon découvrit une méthode de gravure en couleur. Après avoir fait faillite en Angleterre, il vint tenter sa chance à Paris. Il obtint la protection du roi Louis XV. En 1739, celui-ci lui accorda le privilège exclusif de la gravure en couleur en France, à la condition expresse qu'il dévoilât son secret à deux commissaires royaux. Son grand oeuvre est le portrait en buste grandeur nature de son protecteur.

138. Jean-François Janinet (1752-1814), La Toilette de Vénus, 1784
Département des Estampes et de la Photographie, Ef 105 Rés.
Gravure à l'aquatinte en couleurs

La Toilette de Vénus fut peinte par François Boucher, en 1751, pour décorer, au château de Bellevue, la salle de bains de la marquise de Pompadour (1721-1764), maîtresse et amie de Louis XV. Il est l'inventeur d'un procédé de gravure à l'aquatinte en couleurs, qui lui permit de rendre avec délicatesse les peintres alors à la mode, Fragonard ou Boucher par exemple.

140. Jacques Guay (1711-1797), Louis XV, 1753
Département des Monnaies, Médailles et Antiques, Babelon 926
Camée en sardonyx à trois couches

Ce portrait du roi Louis XV (1715-1774) - un des rares portraits du souverain fait d'après nature - est considéré comme le chef d'oeuvre de la gravure sur pierre des temps modernes, autant pour l'exactitude de la ressemblance que pour la pureté de la pierre et l'extrême qualité du travail. Les trois couches horizontales de la pierre ont été habilement exploitées par le graveur Jacques Guay. Certaines parties ont été polies au tripoli, selon un procédé inventé par Guay lui-même.

155. Constitutions des treize états de l'Amérique, Paris, 1783.
Réserve des livres rares et précieux, Rés. 4o Pb 746

Quelques semaines avant la signature du traité de Versailles, le 3 septembre 1783, une édition en français des Constitutions des treize États de l'Amérique fut imprimée, à l'initiative de Benjamin Franklin, qui jugeait ce document utile pour appuyer la reconnaissance du nouvel état auprès des cours européennes. Sans doute est-ce lui qui fournit le sceau des États-Unis, représenté pour la première fois, qui figure au titre. Cet exemplaire sur papier d'Annonay, destiné à la reine Marie-Antoinette, est relié à ses armes.

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