Louis Isaac Le Maistre de Sacy, Les Enluminures du fameux almanach des PP. Jesuistes, intitulé, La deroute et la confusion des Jansenistes. Ou Triomphe de Molina jesuiste sur s. Augustin
La Deroute et confusion des Janssenistes
Paris, Jean Ganière, 1654.
Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie, RÉSERVE QB-201 (41)-FOL
© Bibliothèque nationale de France
Ce grand placard d’almanach, publié en décembre 1653, est formé de deux feuilles superposées : la partie inférieure contient un calendrier imprimé pour l’année 1654 au centre d’une gravure sur cuivre où sont représentées la Foi et la Concorde, l’une foulant aux pieds la Fausse Piété, l’autre la Sédition ; la partie supérieure est faite d’une planche entièrement gravée qui célèbre la promulgation de la bulle Cum occasione. Au centre, le pape, éclairé par le Saint-Esprit et entouré de la Religion et d’une Minerve tenant les clés de saint Pierre, allégorie de la Puissance de l’Église, brandit de sa main droite une épée de flammes, l’arme de la fulmination. À gauche, le jeune Louis XIV est entouré d’un côté par le Zèle divin et la Piété, de l’autre par la Concorde et la Justice : gardien de la foi et de l’ordre public, il tend son sceptre pour chasser le Jansénisme, incarné par l’évêque d’Ypres Jansénius. Celui-ci brandit le livre ouvert de l’Augustinus et est escorté par les trois démons de l’Ignorance aux oreilles d’âne, de la Tromperie qui rampe et dissimule son visage sous un masque, et de l’Erreur ailée, sous les traits d’un jeune homme qui voile son regard face à la lumière de « la vérité de l’Écriture » que représente un livre où sont inscrits les mots Pro omnibus mortuus est (« Il est mort pour tous », citation de saint Paul censée réfuter la doctrine de la prédestination liée à la théologie jansénienne de la grâce). Devant Jansénius marchent « les jansénistes », appellation alors polémique, créée par leurs adversaires en 1651 par analogie avec l’expression « calvinistes ». Et de fait, poussés devant l’Augustinus, ils se précipitent avec des airs dévots de contrition dans les bras que leur tend Calvin. Selon les Mémoires du jésuite René Rapin, l’initiative de cette planche ne revenait pas aux jésuites, comme en était persuadé le parti janséniste, mais à Adrien Gambart (1600-1668), un prêtre parisien proche de saint Vincent de Paul – ce qui est possible : Gambart cultivait volontiers les procédés de l’expression symbolique, comme il en fit la preuve en publiant en 1664 une vie de saint François de Sales par emblèmes. La planche de 1654 fut reprise la même année, avec quelques minimes retouches, par Abraham Bosse pour illustrer les Enluminures du Maistre de Sacy, puis, avec des remaniements plus importants et dans des circonstances différentes, par Albert Flamen en 1660.
 
 

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