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Ce texte polémique,
qui a vulgarisé les thèmes de l'existentialisme
sartrien, a entraîné tant de malentendus que Sartre
a fini par le désavouer plus ou moins. Au point de départ,
c'est le texte d'une conférence, d'un immense retentissement,
donnée le 29 octobre 1945 à Paris. Le but en est
de défendre l'existentialisme contre les critiques d'une
part des communistes, pour qui il constitue une philosophie
subjectiviste et "bourgeoise", d'autre part des chrétiens,
qui, outre son athéisme, reprochent à Sartre sa
vision pessimiste de l'existence (toute l'œuvre de Sartre sera
mise à l'index par le Vatican en 1949). Contre ses adversaires,
Sartre soutient que l'existentialisme est un humanisme "puisque
le destin de l'homme est en lui-même". Les valeurs ne
sont pas données, elles sont créées : "Humanisme,
parce que nous rappelons à l'homme qu'il n'y a d'autre
législateur que lui-même, et que c'est dans le
délaissement qu'il décidera de lui-même
; et parce que nous montrons que ça n'est pas en se retournant
vers lui, mais toujours en cherchant hors de lui un but qui
est telle libération, telle réalisation particulière,
que l'homme se réalisera précisément comme
humain" (p. 94). "Ce fut donc une "offensive existentialiste"
que, sans l'avoir concertée, nous déclenchâmes
en ce début d'automne. Dans les semaines qui suivirent
la publication de mon roman, les deux premiers volumes des Chemins
de la liberté parurent, et les premiers numéros
des Temps modernes. Sartre donna une conférence,
"L'existentialisme est-il un humanisme ?" Il ne se passait pas
une semaine sans qu'on parlât de nous dans les journaux.
Partout paraissaient des échos sur nos livres, sur nous.
Dans les rues, des photographes nous mitraillaient, des gens
nous abordaient. Au Flore on nous regardait, on chuchotait.
À la conférence de Sartre, il vint une telle foule
que la salle ne put la contenir : ce fut une bousculade effrénée
et des femmes s'évanouirent." (La Force des choses,
t. I, p. 60-61.)
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