Huit Scènes de Faust
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Berlioz découvre le premier Faust de
Goethe dans la traduction de Gérard de Nerval (1828) : "Le
merveilleux livre me fascina de prime abord." Il est séduit par
le thème, la forme, la philosophie de la nature et ce héros
qui incarne l'esprit romantique : passionné, curieux de connaissance,
courageux et désespéré. Berlioz a immédiatement
le désir de mettre en musique les parties versifiées. Les
Huit Scènes de Faust à peine achevées, il
les fait éditer à ses frais sans même en avoir entendu
une note. Chacune des huit scènes porte, en tête, une citation
de Shakespeare et chacun des huit titres est accompagné d'un commentaire
sur le ton : "Chants de la fête de Pâques. Caractère
religieux et solennel", "Paysans sous les tilleuls. Gaieté franche
et naïve", "Chanson de Méphistophélès. Raillerie
amère", "Romance de Marguerite. Sentiment mélancolique et
passionné", etc. Berlioz en envoie un exemplaire à Goethe
qui, prenant avis du compositeur Zelter dont la réaction est violemment
négative, ne répondra jamais. Il juge lui-même sa
partition "incomplète et fort mal écrite" et la retire. |
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La Damnation de Faust, une légende
dramatique
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En 1845, Berlioz décide de s'atteler à une nouvelle œuvre
sur la légende de Faust et d'en faire un "opéra de concert".
Il reprend les Huit Scènes, dont il conserve toutes les
mélodies, et qui deviennent le cadre de La Damnation.
Il est aidé du librettiste Almire Gandonnière, ami de Nerval,
mais il écrira lui-même la plus grande partie des textes.
C'est en voyage, dans les divers moyens de transport, partout où
il se trouve, qu'il va composer paroles et musique : "Ce fut pendant
ce voyage en Autriche, en Hongrie, en Bohême et en Silésie
que je commençai la composition de ma légende de Faust,
dont je ruminais le plan depuis longtemps." (Mémoires, ibid.)
Ainsi écrit-il en malle-poste allemande l'hymne à la nature,
inspiré des vers de Goethe. Le succès de son orchestration
de la Marche de Rakoczy l'incite à l'insérer
dans la partition. Pour justifier cet emprunt, il place son héros
au début de l'action en Hongrie. À la critique qui lui est
faite de cette délocalisation de Faust, Berlioz répond simplement
(Mémoires, ibid.) : "Je ne vois pas pourquoi
je m'en serais abstenu, et je n'eusse pas hésité le moins
du monde à le conduire partout ailleurs s'il en fût résulté
quelque avantage pour ma partition." Il termine son œuvre à Paris,
au printemps 1846 ; il en est satisfait : "Je regarde cet ouvrage
comme l'un des meilleurs que j'aie produits." (ibid.) |
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La première représentation de La Damnation de Faust a lieu à l'Opéra-Comique en décembre 1846, dans la plus parfaite indifférence : le public n'est pas venu. Berlioz aura plus de chance avec la Russie et l'Allemagne où l'accueil est très chaleureux ; il y donne d'abord les deux premières parties de l'ouvrage, puis l'intégralité qui connaît un triomphe à Berlin en 1847. Cet opéra qui, à l'origine, n'était pas destiné à être mis en scène, est aujourd'hui souvent représenté. > Extrait de La Damnation > Faust, un mythe romantique |