Le Roméo et Juliette de Berlioz
|
|
Ayant rédigé un synopsis à partir des scènes
les plus importantes du drame de Shakespeare, Berlioz confia à
son ami le poète Émile Deschamps le soin d'écrire
les textes des parties chantées de sa troisième symphonie.
Roméo et Juliette est une "symphonie dramatique avec chœurs,
solos de chant et prologue en récitatif harmonique" ; il est
bien spécifié dans la préface du livret qu'il ne
s'agit pas d'un opéra ou d'une cantate. Le chant informe l'auditeur
des événements : ainsi la première partie est
constituée d'un long prologue qui donne le déroulement de
la pièce, puis chacun des épisodes est introduit par un
chœur qui expose l'action, enfin un final choral commente la tragédie
et son dénouement. Mais c'est la musique seule qui exprime les
sentiments et les passions, qui traduit les dialogues des amants, les
duos d'amour et de désespoir, le drame de leur mort. Berlioz, dans
la préface du livret, justifie la forme adoptée pour ces
thèmes – maintes fois traités vocalement auparavant –
par son originalité : "il était prudent autant que
curieux de tenter un autre mode d'expression" ; il recourt à
la musique instrumentale, car c'est une "langue plus riche, plus variée,
moins arrêtée et, par son vague même, incomparablement
plus puissante en pareil cas". Ce pourrait être là une définition
de la musique romantique : seule la musique est capable d'exprimer
la variété, la force comme le flou des sentiments > Extrait de Roméo et Juliette
|