Abraham Bosse | ||||
Les Forces de la France, v. 1630 | ||||
Eau-forte. 171 x 397 au trait carré ; 176 x 402 au coup de planche | ||||
BNF Est., Ed 30, rés. | ||||
Bosse nous offre ici l'image triomphante de deux frères qui ont momentanément oublié leur querelle et sont enfin unis. Les vers qui commentent l'estampe - Monsieur est en France, son retour destruit vos desseins - sont absolument transparents : ils nous rappellent en effet que Gaston d'Orléans avait accepté en janvier 1630 de revenir en France, sur les injonctions de son frère mais surtout en échange des gouvernements d'Amboise et d'Orléans. Le format étroit et tout en longueur, qui est celui généralement utilisé par Bosse pour certains almanachs, pourrait laisser supposer que cette estampe a été exécutée dans ce but, donc pour l'année 1631. Ce format permet à l'artiste de développer une perspective à la fois séduisante à l'oil et tout à la gloire du monarque. Dirigeant une armée puissante et nombreuse, le roi secondé par son frère peut combattre l'ennemi étranger. Les deux frères, dont les visages peuvent être bien identifiés, sont représentés sur le même plan, cette position soulignant que Gaston d'Orléans est encore à cette date l'héritier présomptif. Le roi tient le bâton de commandement. La scène fait vraisemblablement référence à la guerre menée dans le Piémont, l'été 1630. Les montagnes sur lesquelles se dresse une ville fortifiée sont typiques de cette région italienne. Le roi "Tres crestien" est aidé dans sa tâche par le cardinal de Richelieu, qui, discrètement représenté à droite de l'estampe, bénit l'armée royale. Mais le cardinal est aussi "généralissime des armées qu'il commande à cheval, l'épée au poing, à la Rochelle comme en Piémont". Il est entouré de personnages très proches de ceux que Bosse a gravés en 1632 dans sa série des Gardes françaises (Le fifre et Le Picquier). Les différents plans sont traités avec une belle maîtrise par l'artiste, distinguant nettement un premier plan fort, vigoureux et animé par la nervosité des deux chevaux, et un second plan calme et marqué par la discipline des rangs ordonnés des soldats. Le regard peut ainsi glisser de noirs profonds à des gris extrêmement subtils. | ||||
En bas au centre : Mariette excu(dit) Cum Priuilege [sic]. En haut au centre : Les Forces de la France soubz le / Regne du Trescrestien & tres victorieux / Monarque Louis le Iuste. Dans la partie inférieure quatre quatrains : Tremblez ennemis Estrangers, / Soubz les forces de nostre auguste. / Il sest aquis dans les dangers, / Le nom djnuincible & de juste. // Aussy bien vos efforts sont vains. / Tout nous rit Monsieur est en France. / Son retour destruit vos desseins. / & Ruine vostre esperance. // Desja vous estes esblouis / Du brillant esclat de la gloire, / De L'incomparable Louis, / Accompagne de la Victoire. // Rien n'empesche que nous n'alions / Desormais conquerir la Terre / Aveq ses Puissans Bataillons / Qui sont plus crains que le Tonnerre. | ||||