La leçon de Nana
L’eau-de-vie de l’Assommoir 
La déchéance physique 
Les basses besognes 
Un jour, Gervaise qui lui reprochait sa vie crûment et lui demandait si elle donnait dans les pantalons rouges, pour rentrer cassée à ce point, exécuta enfin sa menace en lui secouant sa main mouillée sur le corps. La petite, furieuse, se roula dans le drap, en criant :
"En voilà assez, n'est-ce pas ? maman ! Ne causons pas des hommes, ça vaudra mieux. Tu as fait ce que tu as voulu, je fais ce que je veux.
– Comment ? comment ? bégaya la mère.
– Oui, je ne t'en ai jamais parlé, parce que ça ne me regardait pas ; mais tu ne te gênais guère, je t'ai vue assez souvent te promener en chemise, en bas, quand papa ronflait... Ça ne te plaît plus maintenant, mais ça plaît aux autres. Fiche-moi la paix, fallait pas me donner l'exemple !"
Gervaise resta toute pâle, les mains tremblantes, tournant sans savoir ce qu’elle faisait, pendant que Nana, aplatie sur sa gorge, serrant son oreiller entre ses bras, retombait dans l'engourdissement de son sommeil de plomb.


Émile Zola, L'Assommoir,
 chapitre XI.