"Il n'était alors ni Non-Être, ni Être. Il n'était d'atmosphère, ni de ciel au-dessus. Qui enveloppait tout ? Eau ou abîme ? Jour ni nuit, ni mort, ni immortalité. L'Un respirait calmement, étant à lui-même son soutien. L'Un vide et enveloppé de néant, se développait par la Ferveur : et le Désir s'éleva en lui, et, de là, est le germe premier, lien qui unit Être et Non-Être" |
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Inde, Rig Veda |
"De la conception, l'accroissement. De l'accroissement, l'intumescence. De l'intumescence, la pensée.- De la pensée, le souvenir. Du souvenir, le désir. - Fécond devint le mot. Et il s'unit avec la vague lueur, et il engendra la nuit. - Du néant, la naissance". | ||
Nouvelle Zélande, Poème Maori |
"Il était! Taaroa était son nom. Il planait dans le vide : point de terre et point de ciel. Taaroa appelle, mais rien ne lui répond. Alors, de son existence solitaire il tira l'existence du monde. Les piliers, les rochers, les sables, se lèvent à la voix de Taaroa : c'est ainsi que lui-même s'est nommé ! Il est le germe et l'assise, et l'incorruptible". | ||
Polynésie, Poème Tahitien |
L'Ordre et la Vérité sont
nés de l'Ardeur qui s'allume. De là est née la Nuit. De là l'Océan et ses ondes. L'Ordonnateur a mis en forme |
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Hymne Védique, L'ardeur cosmique |
Donc, avant tout, fut le Vide ; puis Terre aux
larges flancs, assise sûre à jamais offerte à tous les vivants, et Amour,
le plus beau parmi les dieux immortels, celui qui rompt les membres et qui,
dans la poitrine de tout dieu comme de tout homme, dompte le cur et
le sage vouloir.
Du Vide naquirent Erèbe et la noire Nuit. Et de Nuit, à son tour, sortirent Éther et Lumière du Jour. Terre, elle, dabord enfanta un être égal à elle-même ; capable de la couvrir toute entière, Ciel Étoilé, qui devait offrir aux dieux bienheureux une assise sûre à jamais. |
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Hésiode, Théogonie |
Avant la mer, la terre et le ciel qui couvre
tout, la nature, dans l'univers entier, offrait un seul et même aspect ;
on l'a appelé le chaos ; ce nétait quune masse informe et confuse,
un bloc inerte, un entassement d'éléments mal unis et discordants. Il n'y
avait pas encore de Titan pour donner sa lumière au monde ; Phébé ne réparait
pas les cornes nouvelles de son croissant ; la terre n'était pas suspendue
dans l'air environnant ni équilibrée par son propre poids ; Amphitrite n'avait
pas étendu ses bras tout le long des rivages. Partout où il y avait de la
terre, il y avait aussi de la mer et de lair ; ainsi la terre était
instable, la mer impropre à la navigation, l'air privé de lumière ; aucun
élément ne conservait sa forme, chacun d'eux était un obstacle pour les
autres, parce que dans un seul corps le froid faisait la guerre au chaud,
l'humide au sec, le mou au dur, le pesant au léger.
Un dieu, avec l'aide de la nature en progrès, mit fin à cette lutte ; il sépara du ciel la terre, de la terre les eaux et il assigna un domaine au ciel limpide, un autre à l'air épais. Après avoir débrouillé ces éléments et les avoir tirés de la masse ténébreuse, en attribuant à chacun une place distincte, il les unit par les liens de la concorde et de la paix. La substance ignée et impondérable de la voûte céleste s'élança et se fit une place dans les régions supérieures. L'air est ce qui en approche le plus par sa légèreté et par sa situation ; la terre, plus dense, entraîna avec elle les éléments massifs et se tassa sous son propre poids ; l'eau répandue alentour occupa la dernière place et emprisonna le monde solide. Lorsque le dieu, quel qu'il fût, eut ainsi partagé et distribué l'amas de la matière, lorsque de ses différentes parts il eut façonné des membres, il commença par agglomérer la terre, pour en égaliser de tous côtés la surface, sous la forme d'un globe immense. Puis il ordonna aux mers de se répandre, de s'enfler au souffle furieux des vents et d'entourer d'une ceinture les rivages de la terre. Il ajouta les fontaines, les étangs immenses et les lacs, enferma entre des rives obliques la déclivité des fleuves, qui, selon les contrées, sont absorbés par la terre elle-même ou parviennent jusqu'à la mer et, reçus dans la plaine des eaux plus libres, battent, au lieu de rives, des rivages. Il ordonna aux plaines de s'étendre, aux vallées de s'abaisser, aux forêts de se couvrir de feuillage, aux montagnes rocheuses de se soulever. Deux zones partagent le ciel à droite, deux autres à gauche, avec une cinquième plus chaude au milieu d'elles ; la masse qu'il enveloppe fut soumise à la même division par les soins du dieu et il y a sur la terre autant de régions que couvrent les zones d'en haut. L'ardeur du soleil rend celle du milieu inhabitable ; deux autres sont recouvertes de neiges épaisses ; entre elles il en plaça encore deux, à qui il donna un climat tempéré, en mélangeant le froid et le chaud. Au-dessus s'étend l'air; autant il est plus léger que la terre et l'eau, autant il est plus lourd que le feu. C'est le séjour que le dieu assigna aux brouillards et aux nuages, aux tonnerres, qui épouvantent les esprits des humains, et aux vents, qui engendrent les éclairs et la foudre. Aux vents eux-mêmes l'architecte du monde ne livra pas indistinctement l'empire de l'air; aujourd'hui encore, quoiqu'ils règnent chacun dans une contrée différente, on a beaucoup de peine à les empêcher de déchirer le monde, si grande est la discorde entre ces frères. L'Eurus se retira vers l'aurore, le royaume des Nabatéens, la Perse et les sommets au-dessus desquels montent les rayons du matin ; Vesper et les rivages attiédis par le soleil couchant sont voisins du Zéphyre ; l'horrible Borée envahit la Scythie et le septentrion ; les régions opposées de la terre sont détrempées sans trêve par les nuages et les pluies de l'Auster. Au-dessus des vents, le dieu plaça l'éther fluide et sans pesanteur, qui n'a rien des impuretés d'ici-bas. Dès qu'il eut enfermé tous ces domaines entre des limites immuables, les étoiles, longtemps cachées sous la masse qui les écrasait, commencèrent à resplendir dans toute l'étendue des cieux. Pour qu'aucune région ne fût privée de sa part d'êtres vivants, les astres et les dieux de toutes formes occupèrent le céleste parvis. |
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Ovide, Métamorphoses |
Ce premier monde était une
forme sans forme, Une pile confuse, un mélange difforme, D'abîmes un abîme, un corps mal compassé, Un Chaos de Chaos, un tas mal entassé ; Où tous les éléments se logeaient pêle-mêle ; Où le liquide avait avec le sec querelle, Le rond avec l'aigu, le froid avec le chaud, Le dur avec le mol, le bas avec le haut, L'amer avec le doux: bref durant cette guerre La terre était au ciel et le ciel en la terre. La terre, l'air, le feu se tenaient dans la mer ; La mer, le feu, la terre étaient logés dans l'air, L'air, la mer, et le feu dans la terre : et la terre Chez l'air, le feu, la mer. Car l'Archer du tonnerre Grand Maréchal de camp, n'avait encor donné Quartier à chacun d'eux. Le ciel n'était orné De grandes touffes de feu : les plaines émaillées N'épandaient leurs odeurs : les bandes écaillées N'entrefendaient les flots : des oiseaux les soupirs N'étaient encore portés sur l'aile des Zéphyrs. Tout était sans beauté, sans règlement, sans flamme. Tout était sans façon, sans mouvement, sans âme ; Le feu n'était point feu, la mer n'était point mer, La terre n'était terre, et l'air n'était point air ; Ou si jà se pouvait trouver en un tel monde, Le corps de l'air, du feu, de la terre, et de l'onde ; L'air était sans clarté, la flamme sans ardeur, Sans fermeté la terre, et l'onde sans froideur. Bref, forge en ton esprit une terre, qui, vaine, Soit sans herbe, sans bois, sans mont, sans val, sans plaine ; Un Ciel non azuré, non clair, non transparent, Non marqueté de feu, non voûté, non errant ; Et lors tu concevras quelle était cette terre, Et quel ce ciel encor où régnait tant de guerre. Terre, et ciel, que je puis chanter d'un style bas, Non point tels qu'ils étaient, mais tels qu'ils n'étaient pas. |
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Guillaume Salluste Du Bartas, Premier Jour de La Sepmaine |
La lumière étant faite, il
voulut des Cieux hauts L'étendue créer et séparer les eaux Qui sous icelle étaient des eaux au dessus d'elle. Dieu dit "Que cela soit" et la chose fut telle. Dieu donc fit l'étendue et Ciel il l'appella. Or sa toute puissance on peut remarquer là Plus qu'en nul autre lieu, aussi par excellence La parole le dit siège de sa puissance. Lors du soir et matin fut fait le jour fécond, Puis Dieu dit "Que les eaux qui dessous le Ciel sont Se rangent en un lieu et que le sec paraisse" À cette voix soudain l'amas des eaux s'abaisse. Le sec lors apparut, savoir être les monts hauts, Les collines, les prés, les plaines et les vaux. La rivière et la mer du sec étant bornée, Du soir et du matin fut la tierce journée. Cela fait, il voulut le sec terre nommer Et des eaux l'assemblée il l'appella la mer, Mer du tout inconstante, horrible et furieuse Et en ses actions étrange et périlleuse. |
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Théodore Agrippa d'Aubigné, La Création |
Le ciel ouvrit, dans toute
leur largeur, Ses portes éternelles tournant sur leurs gonds d'or Avec un son harmonieux, pour laisser passer Le Roi de gloire dans son puissant Verbe Et dans son Esprit, qui venait créer de nouveaux mondes. Ils s'arrêtèrent tous sur le sol du ciel, et contemplèrent Du bord l'incommensurable abîme, Orageux comme une mer, sombre, dévasté, sauvage, Bouleversé jusqu'au fond par des vents furieux, Enflant des vagues comme des montagnes, pour assiéger La hauteur du ciel et pour confondre le centre avec le pôle. Silence, vous vagues troublées ! et toi, abîme, paix ! Dit le Verbe qui fait tout ; cessez vos discordes ! Il ne s'arrêta point, mais enlevé sur les ailes des Chérubins, Plein de la gloire paternelle, il entra Dans le chaos et dans le monde qui n'était pas né ; Car le chaos entendit sa voix : le cortège des anges Le suivait dans une procession brillante, pour voir La création et les merveilles de sa puissance. Alors il arrête les roues ardentes, et prend dans sa main Le compas d'or, préparé dans l'éternel Trésor de Dieu, pour tracer la circonférence De cet univers et de toutes les choses créées. Une pointe de ce compas il appuie au centre, et tourne L'autre dans la vaste et obscure profondeur, Et il dit : Jusque-là étends-toi, jusque-là vont tes limites ; Que ceci soit ton exacte circonférence, ô monde ! Ainsi Dieu créa le ciel, ainsi il créa la terre ; matière informe et vide. (...) Le Tout-Puissant parla encore : Que des corps de lumière Soient faits dans la haute étendue du ciel, afin qu'ils séparent Le jour de la nuit : et qu'ils servent de signes Pour les saisons et pour les jours et le cours des années, Et qu'ils soient pour flambeaux, comme je l'ordonne, Leur office dans le firmament du ciel Sera de donner la lumière à la terre ! Et cela fut fait ainsi. Et Dieu fit deux grands corps lumineux, grands par leur utilité Pour l'homme, le plus grand pour présider au jour, Le plus petit pour présider à la nuit. Et il fit les étoiles Et les mit dans le firmament du ciel Pour illuminer la terre, et pour régler le jour, Et pour régler la nuit dans leur vicissitude, Et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. Dieu vit, En contemplant son grand ouvrage, que cela était bon. Car le soleil, sphère puissante, fut celui des corps célestes Qu'il fit le premier, non lumineux d'abord, Quoique de substance éthérée. Ensuite il forma la lune Globuleuse et les étoiles de toutes grandeurs, Et il sema le ciel d'étoiles comme un champ. Il prit la plus grande partie de la lumière Dans son tabernacle de nuée, il la transplanta Et la plaça dans l'orbe du soleil, fait poreux pour recevoir Et boire la lumière liquide, fait compact pour retenir Ses rayons recueillis, aujourd'hui grand palais de la lumière. Là, comme à leur fontaine, les autres astres Se réparant, puisent la lumière dans leurs urnes d'or, Et c'est là que la planète du matin dore ses cornes. Par impression ou par réflexion ces astres augmentent Leur petite propriété, bien que, si loin de l'oeil humain, On ne les voie que diminués. D'abord dans son orient se montra le glorieux flambeau, Régent du jour; il investit tout l'horizon De rayons étincelants, joyeux de courir Vers son occident sur le grand chemin du ciel: le Pâle crépuscule, et les Pléiades formaient des danses devant lui, Répandant une bénigne influence. Moins éclatante, Mais à l'opposite, Sur le même niveau dans l'ouest, la lune était suspendue ; Miroir du soleil, elle en emprunte la lumière sur sa pleine face ; Dans cet aspect, elle n'avait besoin D'aucune autre lumière, et elle garda cette distance Jusqu'à la nuit; alors elle brilla à son tour dans l'orient, Sa révolution étant accomplie sur le grand axe des cieux: elle régna Dans son divisible empire avec mille plus petites lumières, Avec mille et mille étoiles ! elles apparurent alors Semant de paillettes l'hémisphère qu'ornaient, pour la première fois, Leurs luminaires radieux qui se couchèrent et se levèrent. Le joyeux soir et le joyeux matin couronnèrent le quatrième jour. |
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John Milton, Paradis Perdu, chant VII |
Ô Nature ! ô ma mère ! ô déesse éternelle ! Toi que l'erreur des lois veut rendre criminelle, Je t'implore, descends, respire dans mes vers ! Ô source du génie, âme de l'univers, C'est toi, fille des dieux, toi dont les mains fécondes Forment la chaîne immense et des temps et des mondes. Ta volonté suprême est ta suprême loi. Ton règne illimité n'a de bornes que toi. Tu dis, et du chaos les gouffres disparurent; Vers un centre commun fit peser tous les corps, |
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Lebrun, La Nature |
D'autres ont pu sortir de
l'abîme des âges, Soit qu'échappé du sein d'un orbe étincelant Un débris enflammé s'en éloigne en roulant, Soit, et j'en crois Herschell, que dans son atmosphère Le soleil ait produit une vapeur légère Qui d'atomes flottant attirant le concours, Obéit à cet astre et le suit dans son cours. L'espace laisse errer cette masse fluide, Et dans son mouvement sur son axe rapide L'attraction la forme en un corps arrondi Que vingt siècles peut-être ont à peine attiédi. C'est un soleil nouveau que le monde a vu naître, Lumineux par lui-même, et qui va ne plus l'être : Mais non solide encore, et dans l'immensité Lançant d'autres débris de son disque agité. Maîtrisés, en tournant, par la loi qui les presse, Son équateur s'élève, et son pôle s'abaisse À mesure qu'il fuit dans les plaines du ciel Le foyer enflammé de l'astre paternel ; Sa chaleur s'amortit, sa matière plus dense Règle enfin sa vitesse en gardant sa distance : Le globe ardent n'est plus et l'on voit en son lieu Rouler un monde éteint autour d'un astre en feu. Tel fut le sort, dit-on, des surs de notre sphère Qui jaillirent des flancs de leur glorieux père Et, sur un même plan, circulant à l'entour, Forment une ceinture au dieu brillant du jour. |
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Pierre Daru "D'autres ont pu sortir de l'abîme des âges" |
Martyres, croix de
lArt, formules, fugues douces, Babels dor où le vent soigne de bonnes mousses ; Mondes vivotant, vaguement étiquetés De livres, sous la céleste Eternullité : Vanité, vanité, vous dis-je ! - Oh, moi, jexiste, Mais où sont, maintenant, les nerfs de ce Psalmiste ? Minuit un quart; quels bords te voient passer, aux nuits Anonymes, ô Nébuleuse-Mère ? Et puis, Quil doit agoniser détoiles éprouvées, À cette heure où Christ naît, sans feu pour leurs couvées, Mais clamant : ô mon Dieu ! tant que, vers leur ciel mort, Une flèche de cathédrale pointe encor Des polaires surplis ! - Ces Terres se sont tues, Et la création fonctionne têtue ! |
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Jules Laforgue, Préludes autobiographiques |
Anneaux tourbillonnnants des
univers en feu, Brisez-vous et serrez dans le large éther bleu Vos fragments enflammés qui deviendront des mondes ! Lustres étincelants, multipliez vos rondes ! Niagaras de diamants, fleuves vermeils, Faites pleuvoir aux cieux vos chutes de soleil ! |
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André Joussain, L'Epopée terrestre |
Mais lui même quel vent l'a jeté sur terre ? Est-il l'obscur crachat de quelque obscur cratère Est-il un don des Cieux au monde à son réveil ? Est-il né de la fange ainsi que l'eau des nues ? A t il pris de l'éther les routes inconnues ? Est-il le fils lointain d'un plus lointain soleil ? |
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Warnery, Les Origines |
Mais, en ruptures de
l'emport périphérique qu'il rend tangentielles, ce qui tourne et pèse, exprimant l'être du Multiple allotropique - de l'onde d'expansives volves du moins-dense s'environnait, quitté de son pantèlement. Et se roulant agglomérée en sa genèse : Soleils ! pulpes agglomérant leur graine ! |
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René Ghil, Le Dire du Mieux |
Lente conversion d'énergie
et d'élan, Ce va-et-vient tiré, se désarticulant, Cassant, laissant traîner ses pâles tronçons mornes, Des abîmes sans fond jusqu'aux gouffres sans bornes, Se fendant, se fondant, s'écrasant, se ruant, Se hâtant sous les rumbs aux mille voix huant, Dans la fuite du temps, des éthers et des vides, Semblaient s'amalgamer en des rondeurs livides, Et d'étranges lueurs dans l'espace sans bord De l'entrefoudroyement prenaient des regards d'or. |
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Strada, La Génèse universelle |
Comment dans cette vase aux
clapotements mous Où les derniers volcans soulevaient des remous, Comment sous l'action et les forces amies Du soleil, des foyers souterrains, des chimies, Du temps, comment a pu s'opérer en un point Cette genèse, c'est ce que l'on ne sait point. Des corps simples à la cellule, à la monère, Par quels chemins passa la substance ternaire, Puis quaternaire, pour s'albuminoïder Et s'agréger, vivante, on n'en peut décider. Le carbone de l'air, alors en abondance Dans l'atmosphère encore irrespirable et dense, Avec les gaz de l'eau d'abord combina-t-il Ou l'âcre ammoniaque ou l'azote subtil ? Ou bien est-ce plutôt par le cyanogène Que se noua l'anneau primitif de la chaîne, Gaz instable, mobile et propice aux hymens ? La science n'a pas éclairé ces chemins. Mais un point lumineux dans cette ombre douteuse, C'est que de ces hymens l'eau fut l'entremetteuse, Et qu'il fallut son lit ouvert à tous les vents Pour engendrer enfin les premiers corps vivants. Aujourd'hui même encor, comme en ce temps antique, On a pu la surprendre au fond de l'Atlantique En pleine éclosion du germe originel Ayant pour dernier fruit l'organisme charnel, Embryon de ce qui plus tard doit être un homme. Un être existe là, que la science nomme Bathybius, un être informe, sans couleur, |
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Jean Richepin, La Gloire de l'eau |
L'Eternel dit :
"Les astres, soutenus par mon bras dans l'espace, parcourent l'immensité : aucun obstacle ne s'oppose à leur marche dont le principe est ma volonté, dont le but est l'exécution de mes plans. Deux mouvements faits en apparence pour se détruire, écueils des sciences humaines, les éloignant et les rapprochant sans cesse, les retiennent dans leurs orbites, et s'opposent à ce que leur choc n'occasionne un épouvantable chaos. Ma main toute-puissante séparant les ténèbres de la lumière, alluma ces flambaux dont l'éclat éternel scintille dans les cieux. L'astre du jour les remplit de lumière; elle s'écoule par torrents intarissables : d'autres soleils épars dans le vide, centres de systèmes plus vastes, y versent aussi des torrents lumineux sur des astres relégués aux confins de l'espace ; leurs rayons réfléchis par les planètes se croisent, se confondent dans l'étendue, se réunissent sur le globe habité qu'ils éclairent et qu'ils vivifient. Les éléments agités par ces feux y composent tour à tour la chaîne des êtres qui l'embellissent. J'ai formé le noyau de ce globe d'une matière assez dure pour que l'océan qui le couvre et dissout tous les corps ne puisse le pénétrer, et se précipitant au centre, laisse aride sa surface. Deux forces opposées ébranlent d'un pôle à l'autre cette masse immense d'ondes accumulées dans l'abime, et par un balancement éternel s'opposent à leur corruption. |
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P. Boiste, L'Univers |
Il n'est pas d'étoiles fixes : par un mouvement
sans fin tout est entraîné dans l'espace. Le Soleil que l'on croyait immobile
court lui-même vers un point du ciel. Où vont ces immenses troupeaux d'astres
fuyant à travers les espaces ? Leur course a-t-elle un but sublime,
ou ne seraient-ils que les rêves effrénés du cerveau d'un Dieu, des rêves
condamnés à périr, et qui tourneraient avant de tomber dans la mort, comme
de grands oiseaux attirés par un gouffre !
Il fut donc un moment où tout dormait en germe dans l'uf d'or du Soleil, ma vie, celle de tous les êtres, fils de la Terre, le monde organique et l'inorganique, les océans, les continents, les forêts, le bien et le mal, le ciel et l'enfer d'ici-bas, et la Lune et les autres Êtres, filles du Soleil, avec leur évolution vitale, leur longue histoire, splendide ou sombre. Or de naissance en naissance ne pourrions-nous remonter jusqu'à Dieu, et à une heure première, où les Voies Lactées et les énormes Nébuleuses, l'Univers immense, reposaient aussi, comme des rêves près d'éclore, en la nuit muette de son cerveau ? |
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Jean Lahor, La Gloire du Néant |
Puis naquirent les planètes avec, pour rayons, des soies de porc, des astres en métal blanc semés d'une chapelure d'ozone, et d'autres dont la bouche était un timbre de caoutchouc; tous rayèrent une nuit soumise au froid industriel. |
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Paul Morand, Boule-Panorama |
79 hyper leur quatre trucs éclatement burlesque atome insuffisant atome gigantesque rien à rien suffisant tout au tout romanesque le monde était moins vieux que les supputations et la terre moins grû que quelque pute à Sion la terre était bien vierge et bien bouillonnaveuse quelque constellation se penche un peu baveuse sur des destins humains et des destins d'homards tandis que le miel coule en la fesse argentée des coquilles bleuies d'âge en âge hantées par un diogène ermite à des noms raccordés bernard de tout succinct crabe de tout refus tandis que le salpêtre au frontière s'éloigne des sources de soleil très indistinct témoign- age que des brouillons plus précis étalés jeunesse oh jeunesse oh jeunesse nébuleuse la terre t'a comptée en tes éloignements et les muscles du sol se striaient savamment en suivant la part fauve à la course impérieuse 98 réservée en l'instant par un calcul d'algèbre. Autrefois les chiffres hameçons de zéros infiniment variés mijotaient en l'atome indéfiniment nus indéfiniment sots mais leur compte était bon et les voici vaillants chevauchant l'explosion oh jeunesse oh jeunesse que le graphe était beau sillon d'entre tes fesses nébuleuse obstinée en ton éclatement jaillissant d'un point cru du zest de tous les mondes encore inépluchés encore tout enfants et les ombres bagarraient en leur solitude et les voici vainqueurs chevauchant l'amplitude de l'abcès poinçonné du germe jaillissant de la croûte disloque et du feu magistral de la pustule expue et du grain vertical et les voici connards en leur satisfaction de se joindre couillards en leurs additiions de se retirer cons en leurs soustractiions et de se reproduire en multiplications et de bien s'effondrer en toute division de grandir à fond dtrain en exponentiation et de se lambiner en simples logarithmes jeunesse oh jeunesse oh quand un chatouillait deux sans savoir que son foutre en extrairait le tiers quand les signes d'algèbre amollissaient leurs jeux quand les égalités reposaient dans le foie alors analcoolique en l'atome adipeux et que l'informe quatt ptit spermatozoïde attendait de jouxter l'ovule arithmoïde quand le pus des erreurs ne dégoulinait pas de la preuve par neuf ou de l'orgueil comptable oh jeunesse oh jeunesse alors à cette table où le néant bouffait le déjeuner instable des possibles conflits en une identité survint la loi tranchante et indécomposable lança des trous d'être en l'indéfinité. 134 Petit arbre veineux petit bleu coquillage 135 on ne sait d'où tu viens Les étoiles galopent Des mondes l'entre deux s'étale en une plage dont on compte les voix tout comme en un gallup petit vert autobus petit rouge meurtri petit indigo bleu petit vert orangé petite roue à crans petite jambe à jante petit spectre d'azur petit mont de granit petit orage mûr petite ère indulgente un pinçon hors du temps a largement suffi pour déclencher votre heure à l'horloge offensante où l'espace au nez creux insolemment s'inscrit La terre se formait Vives les nébuleuses se trissaient en formant un espace au nez creux pour que la terre y fît son nid où l'arbre bleu le veineux coquillage et le rouge autobus et tous les vers meurtris toutes les roues à jantes et les jambes à cran et les monts de granit s'y forassent leur trou s'y fondissent eux-mêmes oh jeunesse oh jeunesse oh ce soleil voilé du viol de l'indigo des volets du violet et des pleins de l'azur et des touches de rouge 157 et des chaleurs du jaune oh lumière oh jeunesse |
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Raymond Queneau, L'atome primitif L'atome primitif, l'âge du monde, la nébuleuse primordiale (79-98). Les nombres (98-134). L'éclatement de l'atome primitif (79-134) donne naissance à la variété des choses représentée par l'arc-en-ciel (135-157) |
II Le vent du monde
emporte des planètes III L'énergie bat le rappel des forces V Les lointaines échéances du vide |
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Maurice Couquiaud, Un profil de buée |
Lequel des deux est
l'origine l'Abîme ou bien la lettre A Lequel l'écho lequel l'espace ou l'un à l'autre leur écho Deux gouffres ronds font une sphère étanche sans dehors ni bords A l'emplit toute d'un éclat que nulle part n'émet de voix Est-il le râle de l'haleine dure à naître
du Vide en Soi Les yeux fermés est-il Quelqu'un qui Se perçoive
dans ce A Que d'univers se sont déjà déployés entre ici et
là |
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Pierre Emmanuel, A |
Cette sélection de textes est extraite du livre de Jean Pierre Luminet : Les Poètes et l'Univers, Le Cherche -Midi éditeur, 1996 et fait l'objet d'une analyse synthétique de l'auteur, extraite du même ouvrage.
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