Enrico Rastelli, le jongleur au succès fulgurant de l’entre-deux guerres, est annoncé dans le programme de rentrée 1930 du Cirque Medrano comme engagé « pour la première fois à Paris ». En fait, invité sur la scène de l’Alhambra dix ans plus tôt, en 1921 et 1922, c’est au Cirque Medrano qu’il relève le défi de se produire pour la première fois sur une piste.
Sa réputation de technicien et d’artiste hors norme le précède et le public du cirque de Jérôme et Violette Medrano, tout comme les journalistes, se presse pour ne rien perdre de ses performances inédites, de sa présence souriante et de son aura. Admiré pour l’harmonie de ses gestes et de sa silhouette qui se détachent sur le tapis blanc de Medrano, l’artiste révèle certaines de ses sources d’inspiration. Ainsi, dans des registres totalement différents, il aime à se parer de kimonos soyeux brodés de dragons en hommage aux maîtres japonais manipulateurs de toupies ou d’éventails qu’il a rencontrés, comme, à d’autres moments, il revêt la tenue de footballeur dessinée par le concepteur artistique d’avant-garde Oskar Schlemmer.
Allié à plusieurs grandes familles de cirque, ami du coach de footballeurs Jimmy Hogan, d’artistes comme les Codonas, mais aussi de Colette ou de Jean Cocteau, Rastelli doit son succès à une volonté hors norme, un travail acharné et un art subtil pour mettre en scène ses talents.