Ce tableau décrit le système du monde. Il s'agit d'une traduction en catalan de l’Imago mundi d’Honorius Augustodunensis, description du monde très répandue au Moyen Âge, et de divers auteurs latins comme Isidore de Séville. Le monde est tout d'abord comparé à un œuf : « Mappemonde signifie image du monde, des divers états du monde, des régions qui sont sur la Terre et des diverses espèces de gens qui l'habitent. Ladite image ou figure est ronde comme une balle à jouer et en forme d'œuf, partagée en quatre éléments. Car l'œuf est environné tout entier en dehors de sa coquille, de même que la coquille environne le blanc de l'œuf nommé "album" ; l'album environne le jaune ; et c'est sur le jaune qu'est formée la goutte du germe de l'œuf. Ainsi, le monde est de toutes parts environné du ciel, comme d'une coquille. Le ciel environne l'air pur, comme le jaune est environné du blanc ; et l'air trouble est entouré par l'air pur comme le jaune est enveloppé par le blanc ; et la Terre est enclose dans l'air, de même que le germe est enclos dans le jaune de l'œuf. »
Suivent différentes explications à propos de la création du monde : « La création du monde s'explique de cinq manières. La première manière est qu'avant la révolution des siècles, la pensée divine concevait le monde. Cette conception lui a fait donner le nom de monde fait par art, ou commencé ; car il est écrit que : "Ce qui a été fait, la vie était en lui." La deuxième manière est que la matière sensible du monde a été créée en la manière et à l'exemple de l'archétype, ainsi qu'il est écrit : "Celui qui fut de toute éternité créa toutes les choses à la fois." La troisième manière est que ce monde se trouva créé en l'espèce et en la forme durant les six jours, ainsi qu'il est écrit : "Dieu fit en six jours toutes ses œuvres parfaites". La quatrième manière est que, comme une chose est faite d'une autre, un homme d'un homme, une bête d'une bête, un arbre d'un arbre, ainsi chacun est né de la semence de son lignage, ainsi qu'il est écrit. La cinquième manière, c'est que le monde sera fait de nouveau, selon ce qui est écrit : "Voyez que je fais toutes choses de nouveau." »
On trouve aussi des considérations sur la forme et la taille de la Terre : « La forme de la Terre est ronde ; c'est pourquoi elle est appelée "orbis," qui signifie rondeur ; car, si un homme placé en l'air regardait la terre d'en haut, toute l'énormité et l'irrégularité des montagnes et les concavités des vallées paraîtraient moins sur la terre que le doigt de quelqu'un s'il tenait une balle dans la main. La circonférence de la Terre est de cent quatre-vingt milliers de stades, lesquels sont vingt mille cinquante-deux milles. La terre est placée au centre du monde, comme le point au milieu du cercle, et n'est soutenue par aucun ciment, mais seulement par la puissance divine. Elle est soutenue, car on lit dans l'Écriture Sainte : "Ne craignez rien, me dit le Seigneur, car j'ai suspendu la Terre sur le néant". »
« La Terre a pour fondement sa propre solidité, selon qu'elle fut créée par Dieu, occupant l'espace convenable à son volume ; elle est ceinte et environnée de tous côtés, comme d'une limite, de la Grande Mer, ainsi qu'il est écrit : "L'abîme la couvre 'comme un vêtement'. Elle est traversée intérieurement par des cours d'eau, comme le corps est traversé par les veines sanguines. Ces cours d'eau arrosent la sécheresse de la terre ; car en tout lieu de la terre où l'on creuse, se trouve de l'eau". La zone ou le cercle habitable que nous occupons, ou que nous supposons, se divise en trois parties. L'une est l'Asie, l'autre l'Europe, et l'autre l'Afrique. L'Asie est septentrionale ou nord. L'Afrique s'étend du midi à l'occident, et comprend toute la côte de Barbarie. »