Thierry Girard
Scène VIII, 2011
Série « Arcadia revisitée ».
Impression jet d’encre pigmentaire (matrice analogique), 45,6 × 55 cm
BnF, département des Estampes et de la photographie, EP-1444-BOÎTE-FOL
Dans un paysage bucolique et arcadien, Thierry Girard, a imaginé avec les habitants un certain nombre de tableaux photographiques qui renvoient à des scènes similaires, mythologiques, romantiques ou naturalistes que l'on trouve dans la peinture classique de paysages. C'est un chaos de rochers et de petits arbres secs et tordus. Le photographe se tient vraisemblablement sur le rocher le plus élevé, il photographie en plongée et cadre de manière serrée, supprimant l'horizon et le lointain, comme s'il voulait étouffer encore plus le paysage. On dirait qu'il fait chaud, qu'il n'y a plus d'air, qu'on ne respire plus. En arrière-plan, se distinguant à peine entre les ombres et les lumières du chaos, une jeune femme, vêtue d'une robe aux couleurs de l'été, l'air pensif mais ne semblant pas manifester quelque émotion que ce soit, regarde ce qui attire l'attention du photographe : sur une vasque d'eau immobile, figée par un épais manteau de lentisques et enserrée entre deux rochers qui la recouvrent en partie d'une ombre épaisse, émerge un corps, un corps de jeune femme flottant sur le dos, les bras en croix. La couleur rouge sang de son vêtement contraste fortement avec son visage qui semble exsangue. Elle repose là où la lumière est la plus vive, son corps semble porté par la seule épaisseur des lentisques, ses yeux sont clos, on ne sait si elle est endormie, jouissant de l'ardeur du soleil, ou si elle est morte, telle Ophélie flottant très lentement, couchée en ses longs voiles…