La religion organise le système du monde médiéval: le péché et
la menace de la damnation sont omniprésents. Le Livre de Chasse néchappe
pas à cette systématique. Pour Phébus, la chasse est un exercice rédempteur qui se
fonde sur un double postulat: "limagination est seigneur et maître de toutes
uvres bonnes et mauvaises" et "loisiveté est le fondement de toutes
mauvaises imaginations". Aussi le chasseur, sil remplit parfaitement son
office, toujours en action, sen ira tout droit en Paradis. Mais auparavant,
renforcé par lexercice sain de la chasse, il aura mieux vécu et vécu plus
longtemps.
Louvrage de Phébus poursuit ainsi une entreprise de salut qui est sa justification.
Il se doit dêtre exhaustif pour mieux remplir sa mission mais cependant, il
conviendra de distinguer dans lart de la chasse la "droite vénerie" de la
"chasse de vilains".
La droite vénerie met face à face la bête et le chasseur comme dans un duel ;
cest la plus noble des chasses pour au moins trois raisons :
- la hardiesse et lastuce du chasseur sont mises à lépreuve dans cette
longue poursuite du gibier;
- lanimal est forcé à laide des chiens, or la meute est un des éléments
caractéristiques de la maison seigneuriale;
- enfin, la chasse à courre est aussi un divertissement qui apporte du prestige auprès
des dames et seigneurs.
Plaisir des courses violentes dans les bois, les guérets ou les montagnes, meutes
importantes, courage, vaillance et astuces des chasseurs pour déjouer les ruses du
gibier, telles sont les caractéristiques de la chasse à courre. Sy ajoute aussi
lamour de la bête contre laquelle on se mesure et dont ladresse à
séchapper ou la force valorise les efforts déployés.