folio 73v
détail du folio 73v détail du folio 73v
détail du folio 68 détail du folio 40v
 
Les peintres illustrateurs

Maître B

Autant le maître des Adelphes est avant tout dessinateur, autant l'artiste que nous baptiserons provisoirement maître B, est véritablement peintre.

Ses œuvres sont très reconnaissables à leur texture picturale épaisse et comme granulée, très différente de la facture lisse et porcelainée du maître des Adelphes et de ses assistants. Evitant en général les traits à l'encre noire, qu'il n'utilise que pour les contours essentiels de ses figures, il préfère dessiner et modeler directement au pinceau, posant hardiment des accents de couleur claire pour faire saillir les reliefs. Particulièrement remarquable à cet égard est, au folio 73v, la tête du valet tenant un sac par les dents, dont il a su évoquer en quelques coups de pinceaux vigoureux le caractère sculptural et la physionomie brutale. Non moins réussie dans son modelé plus subtil, est la tête du jeune valet éventrant un sanglier à la partie supérieure de la même peinture. Son coloris aux tonalités lumineuses et chaudes, où dominent l'orange et un bleu profond, place également cet artiste nettement à part des peintres du Bedford trend, avec lequel il ne semble avoir collaboré que dans ce seul manuscrit. Bien qu'il se soit contenté de peindre des compositions préalablement dessinées, ses œuvres ont un aspect bien tranché, indiquant un artiste à part entière et profondément original.

folio 67
détail du folio 70 détail du folio 70
Est-il possible de l'identifier avec l'un des enlumineurs connus sur la place de Paris à cette Epoque ? Avec toutes les précautions qui s'imposent dans un cas aussi délicat, il serait possible de reconnaître en lui, le maître de l'Epître d'Othéa, dont il partage nombre de caractéristiques. Deux peintures du français 616 sont particulièrement parlantes à cet égard : il s'agit de la chasse au cerf du folio 68 et du dépeçage du sanglier du folio 73v. Dans les deux scènes, le maître B a utilisé un fond d'un bleu profond, d'un effet presque crépusculaire, assez analogue aux ciels du maître de l'Epître d'Othéa. L'autre dominante de ce dernier artiste, un orange flamboyant, apparaît également chez le maître B. Mais c'est surtout dans les têtes de ses personnages que le maître B se révèle proche du maître de l'Epître : les traits du visage au lieu d'être dessinés de façon analytique comme chez les artistes du Bedford trend, sont le plus souvent évoqués chez lui au moyen de quelques accents elliptiques (folio 40v). Dans quelques cas exceptionnels, les visages des personnages du maître B semblent avoir été peints (ou repeints) par un artiste du Bedford trend (ff. 67 et 70). Dans la seconde de ces peintures, cette intervention se limite aux têtes des deux grands personnages de la partie supérieure, figurant Gaston Phébus et le chef des veneurs.

Certaines faiblesses dans les peintures relevant du style du maître B semblent indiquer qu'il était lui-même assisté de collaborateurs, ou qu'il a accordé moins de soin à l'exécution de ces peintures (ff. 29v, 31v, 34v, 36, 37, 51, 55 et 106v). A l'artiste lui-même semblent attribuables les peintures des feuillets 37v, 40v, 45v, 46v, 53, 58v, 61v, 62v, 67, 68, 70, 72, 73, 73v et 77v.