L’invention de la
photographie n’a pas entraîné la disparition
de l’art du portrait peint. Cet art ne s’est pas
non plus déversé tel quel dans la pratique de
photographes à la recherche de solutions techniques
ou plastiques. "Daguerréotype : remplacera la
peinture". Flaubert ironisait sur les idées reçues…
L’art du portrait photographique s’est affranchi
peu à peu du modèle pictural, inventant et affinant
son propre vocabulaire et influençant à son
tour le genre dont il s’était détaché.
De l'absence de représentation du visage dans l'art
préhistorique, qui étonnait tant Georges Bataille,
à la réduction à une trace anonyme de
la "figure" avec sa charge de froideur géométrique,
en passant par l'ostentation et l'autosatisfaction du portrait
en gloire, l’histoire et l’esthétique du
portrait évoluent. L'individu en germe dans la pensée
des Lumières se matérialise devant l’objectif
de Bertillon et la représentation de l’homme
mène à ce visage menacé par le nihilisme,
exploré jusqu’à l'usure. En témoignent
la confrontation parfois violente des œuvres elles-mêmes
et la réflexion esthétique menée à
leur propos au cours du temps.
|