Sartre et Maurice Merleau-Ponty se sont connus à l'École
Normale Supérieure en 1927 mais leur profonde amitié
date de 1941 alors qu'ils participent à l'aventure
éphémère du groupe d'intellectuels résistants
"Socialisme et liberté". A la Libération, ils
fondent et dirigent ensemble Les
Temps Modernes. Leur relation va changer à
partir des années 1950. Sartre se rapproche alors du
parti communiste tandis que Merleau-Ponty commence à
s'en éloigner. En 1952 Sartre publie dans Les Temps
modernes, sans en informer Merleau-Ponty, l'article intitulé
Les communistes et la paix. Puis il supprime un chapeau
rédigé par Merleau-Ponty qui veut prendre ses
distances envers un article très marxisant de Pierre
Naville. Claude Lefort, élève et ami de Merleau-Ponty,
critique dans la revue les positions de Sartre qui réplique
sans ménagement. Merleau-Ponty téléphone
alors longuement à Sartre pour l'avertir de son intention
de publier dans la revue un article où il précisera
sa propre position politique. Sartre refuse. C'est la rupture.
L'enjeu de cette opposition entre les deux philosophes est
leur conception de l'engagement et des rapports entre politique
et philosophie. Alors que Sartre juge qu'il faut réagir
sans plus attendre aux événements à mesure
qu'ils se présentent, au détriment parfois de
la réflexion, Merleau-Ponty est lui partisan d'une
certaine prudence, d'une mise à distance des événements
permettant une analyse philosophique de fond, au détriment
parfois de l'action.
Merleau-Ponty meurt brutalement d'un arrêt cardiaque
le 4 mai 1961, à l'âge de 53 ans. Sartre lui
rend un bel hommage dans Les Temps modernes, "Merleau-Ponty
vivant". Après un historique de la revue, il fait une
mise au point de leurs affirmations politiques respectives
qui débouche sur la nécessité de faire
front malgré les divergences avec le
parti communiste, pour lutter contre la guerre d'Algérie.
> Merleau-Monty et le langage
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