Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Dédé Gruss, Alexis Gruss junior et Patrick Gruss

Entrée de la Valise
1966
© D.R. / Centre national des arts du cirque, fonds Jacques Richard
Dans son emploi de clown dit blanc, Alexis Gruss junior joue le rôle de faire-valoir de l’auguste Dédé, son père à la ville, et de son frère Patrick, dans un trio qui fait penser à celui des Dario ou des Bario. Dans cette formation à trois, le duo clownesque, qui concentre habituellement l’action autour des facéties d’un seul auguste, trouve un nouvel élan. Une hiérarchie s’introduit alors entre les deux augustes, l’un, le pitre, vole un peu au clown la maîtrise du jeu, en profitant de la bêtise avérée du contre-pitre pour lui souffler et lui faire endosser les catastrophes annoncées. L’espace d’interprétation s’élargit et la vigilance du clown, comme l’attention du public, doivent rester en éveil jusqu’à l’étourdissement, pour suivre les péripéties de la situation. D’un bout à l’autre de la piste, mimiques, gestes et répliques fusent, obéissant aux règles immuables de la répétition et de la réinterprétation burlesque. Ce sont les trois Fratellini, qui, au début du XXe siècle, instaurent et investissent ces nouveaux codes qui relancent la comédie clownesque.
L’entrée comique de La Valise, classique mais inclassable, ne figure ni au sommaire des 1000 gags de clowns [1997] de Dominique Denis (alias le clown Toto), ni dans celui des Clowns et la Tradition clownesque de Pierre-Robert Lévy [1991]. Symbole de l’errance de l’artiste de cirque condamné à reconquérir de haute lutte une place à chaque étape, le thème de la valise évoque aussi, pour le clown Bilboquet (François Bontemps, 1892-1961), le bagage indispensable au clown puisqu’il contient ses costumes, ses accessoires et… ses souvenirs.
« — Hé, là-bas !
— Moi ?
— Oui, arrêtez !
— Avec la valise ?
— Avec la valise ! Revenez ici !
— Avec la valise ?
— Avec la valise !
Ainsi débute une ‟entrée comiqueˮ que tous les clowns ont joué de père en fils. Auguste va et vient, emportant et rapportant la valise qu’il essaie chaque fois de chiper au clown, occupé à haranguer le public et qui a posé la valise à terre. »
 
Source : Avec la Valise, Histoires du Cirque et de la vie foraine, manuscrit inachevé de François Bontemps-Bilboquet, coll. M.M.