Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Nouma-Hawa, ses lions et ses tigres

Affiche, imprimerie Émile Lévy (Paris), 1876
Lithographie en couleur, 60 × 40 cm
BnF, département des Estampes et de la photographie, ENT DN-1 (LEVY,Émile/4)-FT 6
© Bibliothèque nationale de France
Les premières affiches de Nouma-Hawa, présentée comme une audacieuse jeune femme couchée sur un tapis de lions à la fin des années 1870, firent sensation. La fréquentation des ménageries foraines, qui fascinent la future dompteuse, lui offre d’abord l’opportunité de dresser et présenter des serpents ; ainsi, dans son édition du 9 août 1878, La Charente (d’Angoulême) annonce pour le dimanche 11 « l’ouverture du théâtre-salon de la belle Nouma-Hawa, la charmeuse de serpents et surnommée à juste titre (pour) sa beauté sans rivale ‟La Vénus du XIXe siècleˮ ». Mais la date de réalisation de l’affiche en 1876 montre qu’elle préparait déjà le projet de présenter des animaux plus féroces.
La posture extraordinaire dans laquelle se mettent l’homme ou la femme en violant l’espace très réduit des animaux sauvages implique la culture d’une certaine représentation de soi. Le contexte de la colonisation, qui précipite l’apport de cargaisons d’animaux exotiques dans les pays occidentaux au XIXe siècle, induit certaines formes de mises en scène. La jeune dompteuse issue selon les chroniqueurs du Bugey, de Bordeaux, de Constantine ou… d’Asnières-sur-Seine, se rebaptise « Nouma-Hawa », qui selon elle signifie « Rosée du soir » en hindoustani, et se façonne un personnage de princesse orientale, coiffée d’un diadème et revêtue d’une cape à traîne sur une courte tunique passée sur des collants couleur chair. Mais c’est sa première et quasiment sa seule apparition sur une piste, celle du Cirque d’Hiver dirigé alors par Victor Franconi, le 26 janvier 1882, qui lui vaudra une reconnaissance et une forme de gloire qui précèderont désormais ses tournées avec la grande ménagerie ambulante où s’affiche son nom en grandes lettres dorées.
 
Sources :
- La Charente du 9 août 1878, p. 2.
- La Revue des deux Mondes du 15 mars 1951, article « Les Reines des Fauves » par Henry Thétard, p. 329-330.
- Gil Blas du 27 janvier 1882, p. 3.