Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Jenny O’Brien et Miss Kabowls

Hippodrome de l’Alma, 1884
Affiche, imprimerie Émile Lévy (Paris)
Lithographie en couleur, 60 x 41 cm
BnF, département des Estampes et de la photographie, FT 6-ENT DP-16
© Bibliothèque nationale de France
Nouvellement nommé directeur de l’Hippodrome de l’Alma par Charles Zidler, Hippolyte Houcke bâtit un programme particulier pour l’été 1884. Il conçoit une pantomime, Bayard, précédée par les performances spectaculaires de quatre jeunes femmes qui brillent chacune dans sa discipline. L’écuyère Elvira Guerra, l’aînée des petites-filles du redoutable directeur de compagnie Alessandro Guerra, – et héritière dit-on du caractère bien trempé du « Furioso » – effectue ses exercices de haute école et de sauts d’obstacles, montée en amazone (en 1900, âgée de 40 ans, elle sera l’une des deux seules femmes à se présenter aux Jeux Olympiques, avec Libertin, son cheval sauteur). L’équilibriste Miss Kabowls plonge du haut d’une pyramide de dix tables empilées jusqu’à une hauteur de dix mètres tandis que, suspendue par les cheveux à un anneau enfilé sur un câble oblique arrimé à la base de la haute coupole de verre, Miss Stena traverse à grande vitesse toute la longueur de l’immense salle dans une vertigineuse Descente d’Absalon.
Mais l’attraction la plus spectaculaire réside dans la Poste à 32 chevaux, un exploit réalisé par Jenny O’Brien à la tête de trente chevaux lancés l’un après l’autre au galop dans la piste hippodrome tandis qu’elle conduit l’attelage de tête debout sur ses deux puissantes cavales. L’assistance, composée de milliers de personnes, est littéralement emportée dans un tourbillon de sable et un bruit de tonnerre dû au piétinement de plus de cent vingt sabots. Elle mêle ses clameurs aux claquements des chambrières et aux cris des écuyers et des piqueurs joyeusement accompagnés par le tintement des centaines de grelots de poste attachés aux harnais. Au-dessus de la mêlée, dirigé par le chef George Wittman, l’orchestre de soixante musiciens, comme déchaîné, essaie de dominer le fracas de la formidable cavalcade par les éclats des cuivres et le roulement des tambours.
 
Sources :
- John Turner, Victorian Arena, The Performers, a Dictionary of British Circus Biography, Lingdales Press, 2000, vol. 91, p. 95.
- Miss Kabowls dans « Les Tables » aux Folies Bergère dans Le Gaulois du 3 août 1884, p. 4.
- Mlles Elvira Guerra, Leona Dare, Kabowls et Jenny O’Brien à Hippodrome dans Le Gaulois du 22 septembre 1884.