Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Juno Salmo, le Méphisto Doré, contorsion

Photographie de Willy Wilcke, Hambourg, vers 1920
BnF, département des Arts du spectacle, 4-COL-180 (149)
© Bibliothèque nationale de France
À travers les âges, la pratique de la contorsion a souvent été associée soit à l’infirmité, donc aux « phénomènes » humains, soit à une manifestation de l’emprise de Satan. Il a longtemps été coutumier de prétendre que le contorsionniste, qu’il se renverse en arrière – bender en anglais – ou qu’il se plie en avant – posturer –, n’a pas d’os ou du moins, un squelette hors norme qui le rapproche de certains invertébrés.
Ainsi, alors qu’il se trouvait à court d’argent, l’Allemand Herman Buettner, un homme-serpent connu à la fin du XIXe siècle sous le surnom de Marinelli, aurait vendu par anticipation son squelette à un chercheur américain.
Au début du XXe siècle, comme plusieurs de ses compatriotes, le posturer Juno Salmo se présente sous la forme d’un crapaud en maillot intégral brillant, surgi hors de l’eau et sur le plateau en deuxième partie, c’est en « Méphisto Doré », revêtu d’un collant, d’un boléro et d’un casque cornu de couleur or qu’il se déploie pour se nouer ensuite, perché sur des agrès au-dessus de la scène.
Arrivé en Europe en 1908, il y effectue de longues tournées laissant le souvenir d’un artiste qui travaille seul, comme l’homme-serpent afro-américain Manuel Woodson, dit l’Amphisboëna, comme Chester A. Kingston ou l’Américaine Meribeth Old. Là où d’autres, pour renouveler la curiosité du public, mettent en scène à plusieurs, de façon cocasse, la créature qu’ils incarnent, crapaud ou singe, comme Rowe and Athol ou les Donaldson Brothers dans leurs Amusements au Zoo.
 
Sources :
- Adrian, En piste, les acrobates, 1973, p. 82-83.
- Recueil Gallica sur Herman Buettner (1862-1924).
- « Borderers and Posturers », article de Eric (Maymott) H. Shears, ancien « disloqué », dans Le Cirque dans l’Univers n°38, du 3e trimestre 1960, p. 13-15.
- La Culture physique du 15 mars 1910, p. 17 et 18.
- Guyot-Daubes, Les Hommes-phénomènes, Paris, 1889, chapitre XXVII : « Les Disloqués », p. 219.