Melle L’Héritier
 
 

Les premiers contes de fées précieux
Nourrie de littérature, Marie-Jeanne L’Héritier de Villandon (1664-1734), dont le père est historiographe de Louis XIII, se distingue par une œuvre très abondante, véritable produit des salons qu’elle fréquente assidûment en compagnie de Charles Perrault, son oncle, Mme d’Aulnoy, Mme de Murat, Melle de Scudéry. Elle écrit des histoires romanesques, dont L’Erudition enjouée (1703), de nombreuses poésies souvent publiées dans Le Mercure Galant, qui lui valent plusieurs prix littéraires, et des éloges au roi. Elle est reçue à l’Académie de Toulouse en 1696 et l’année suivante, à trente-deux ans à peine, à celle des Ricovrati de Padoue. Dans le tome XXXVII de son Cabinet des fées, Mayer la décrit comme une personne douce, affable, modeste et généreuse.
Melle de L’Héritier joue un rôle précurseur dans la mode du conte merveilleux, publiant dès 1695 ses deux premiers contes de fées insérés dans ses Œuvres mêlées. Celles-ci comprennent quatre nouvelles, dont Les Enchantements de l’éloquence ou les effets de la douceur — traitant du même thème que le Cendrillon et Les Fées de Perrault, parus un an plus tard — et L’Adroite Princesse ou les Aventures de Finette, son conte le plus connu. La Tour ténébreuse et les jours lumineux (1703) contient également le conte de Ricdin-Ricdon.
Ses contes de fées sont des transcriptions d’histoires racontées à un public de précieux. Très moralisateurs, parfois un peu longs, reflets de la vie rangée et studieuse de leur auteur, ils s’apparentent souvent à des nouvelles galantes. En tant qu’auteur de contes de fées, Melle L’Héritier apparaît peu convaincante, mais on lui doit d’avoir lancé le genre dans les salons mondains, d’en avoir défendu la modernité et d’avoir encouragé Charles Perrault dans la voie du conte de fées.