Les institutions culturelles, au service d’un pouvoir jugé sclérosant, n’échappent pas à l’agitation.

Dès février, le renvoi d’Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque française, avait ému les réalisateurs. Le cinéma milite par le biais de ciné-tracts, certains de la main de Jean-Luc Godard. Des états généraux du cinéma s’organisent, le festival de Cannes est annulé.

L’Ecole des beaux-arts et l’Ecole des arts décoratifs deviennent les Ateliers populaires n°1 et n°2 : c’est là que sont esquissées puis réalisées les célèbres affiches sérigraphiées qui recouvrent les murs de Paris.
Le monde du théâtre est spécialement concerné par les événements : le festival d’Avignon, à travers son fondateur, Jean Vilar, est dénoncé comme vecteur de la culture bourgeoise. L’Odéon sert de tribune libre pour réfléchir à la démocratisation de la culture. Comme l’écrit un collectif d’artistes dans un manifeste : "nous voulons des lieux où s’exprimeront librement les besoins de création et de participation de tous".

À côté des commissions et des assemblées générales, un petit groupe d’étudiants influencé par les courants surréalistes et dadaïstes, l’écriture automatique et les cadavres exquis organise un atelier de poésie expérimentale : le groupe Censier.
Ses poèmes sont engagés, inspirés par les événements et au service de la seule créativité. Ronéotypés, ils sont distribués lors des manifestations.

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