Dès le début des événements, des bibliothécaires de la Bibliothèque nationale prennent conscience du caractère historique du mouvement. Ils commencent à ramasser des tracts, timidement au début… Au plus fort de la contestation, à la fin du mois de mai, ils sont plus d’une centaine à participer à la collecte de documents.

Ils visitent les imprimeries, les locaux investis par les comités d’action. Ils se rendent aux manifestations, prennent des contacts avec les ouvriers et les étudiants…

Parmi les documents collectés par les bibliothécaires pendant les événements du printemps 68, les tracts et textes informatifs sont bien entendu privilégiés. Mais les traces plus éphémères de l’occupation des universités sont aussi recueillies avec soin.
Affichettes manuscrites placardées sur les portes des salles de cours, dessins des enfants des "crèches sauvages" installées dans les locaux, listes de ravitaillement en nourriture ou en matériel d’imprimerie, ces petits riens rendent compte de la vie au jour le jour, des besoins et des peurs des occupants.
Les photographies des murs recouverts de slogans et de graffitis donnent à voir comment les étudiants se sont physiquement appropriés l’université. Pris dans l’urgence, ces clichés avaient pour but de faire entrer dans les collections de la Bibliothèque nationale ce qui ne pouvait pas y être transporté : les murs. Mal cadrées, parfois floues, elles forment un complément émouvant aux collections imprimées.
Au total le personnel de la BnF aura fait entrer près de 15 000 pièces sur Mai 68 par son travail de collecte. Ces documents témoignent de l'élan d'une jeunesse décidée à prendre en main son avenir et à investir tous les langages.
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