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Les chiens

"C’est la plus noble bête, la plus raisonnable et la plus avisée que Dieu fit jamais, et je n’excepte en bien des cas ni l’homme ni aucune autre chose."

Le chien possède des qualités morales qui le distinguent des autres animaux et l’apparentent dans le système des valeurs féodales, aux nobles.
La fréquentation continue des chiens permet au chasseur d’être le mieux à même de les connaître, de les apprécier et de chasser avec eux en parfaite communion. La loyauté et la fidélité des chiens envers leurs maîtres répond à celles des vassaux pour leur suzerain.
Ces bêtes sont parées de qualités et de réactions humaines : "le chien a force et bonté [...]. Le chien est de bon entendement et a grande connaissance et grand jugement" (etc.). Phébus s’attache à étudier les races canines, leurs spécialisations et leurs nourritures. La meute est constituée de dogues qui affrontent le gros gibier, de lévriers qui sentent et repèrent, de chiens courants qui vont aussi vite et longtemps que le cerf, de chiens d’oiseaux ou épagneuls; le mâtin est plus spécifiquement un chien de garde. Comme la chasse, la possession d’une meute est un privilège seigneurial assurant valeur et prestige. Celle de Phébus, nous rapporte Jean Froissart, se composait de 1600 chiens !
Phébus décrit aussi le chenil idéal, l’alimentation appropriée et la façon de s’adresser aux chiens qui semble être avant tout une pratique des seigneurs : " Huet des Vantes et le sire de Montmorency eurent de très beaux langages, de belles et bonnes consonances, voix et manières pour parler à leurs chiens ."
  

folio 47v
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Ce compagnonnage vaut d’ailleurs au chien de bénéficier de soins attentifs ; les remèdes proposés sont souvent mêlés de croyances superstitieuses aux maladies dont ils sont victimes. Les enluminures montrent les chiens entourés d’un grand nombre de valets et de pages qui leurs sont dévoués.

Le chien, compagnon indispensable du chasseur figure sur la quasi totalité des dessins illustrant le manuscrit. Les images illustrant les chapitres sur la nature des chiens offrent une représentation fidèle de la variété des races. A la différence des chiens courants ou des épagneuls, les lévriers, les dogues et les mâtins, races plus prisées, portent des colliers; les mâtins portent un collier garni de pointes de fer qui accentue encore leur aspect menaçant.
En revanche, dans les scènes de chasse, la majorité des dessins ne nous montrent qu’un type de chien qui s’apparente au chien courant; cela s’explique peut-être par la difficulté à figurer l’organisation de la meute par catégories de chiens, telle que l’enseigne Phébus.

La passion de la chasse et l’amour des chiens sont indissociables et reflètent l'éthique qui préside à l’exercice de la chasse.