"Cest la plus noble bête, la plus raisonnable et la plus
avisée que Dieu fit jamais, et je nexcepte en bien des cas ni lhomme ni
aucune autre chose."
Le chien possède des qualités morales qui le distinguent des autres animaux et
lapparentent dans le système des valeurs féodales, aux nobles.
La fréquentation continue des chiens permet au chasseur dêtre le mieux à même de
les connaître, de les apprécier et de chasser avec eux en parfaite communion. La
loyauté et la fidélité des chiens envers leurs maîtres répond à celles des vassaux
pour leur suzerain.
Ces bêtes sont parées de qualités et de réactions humaines : "le chien a force et
bonté [...]. Le chien est de bon entendement et a grande connaissance et grand
jugement" (etc.). Phébus sattache à étudier les races canines, leurs
spécialisations et leurs nourritures. La meute est constituée de dogues qui affrontent
le gros gibier, de lévriers qui sentent et repèrent, de chiens courants qui vont aussi
vite et longtemps que le cerf, de chiens doiseaux ou épagneuls; le mâtin est plus
spécifiquement un chien de garde. Comme la chasse, la possession dune meute est un
privilège seigneurial assurant valeur et prestige. Celle de Phébus, nous rapporte Jean
Froissart, se composait de 1600 chiens !
Phébus décrit aussi le chenil idéal,
lalimentation appropriée et la façon de sadresser aux chiens qui semble
être avant tout une pratique des seigneurs : " Huet des Vantes et le sire de
Montmorency eurent de très beaux langages, de belles et bonnes consonances, voix et
manières pour parler à leurs chiens ."